Heureusement que la langue française est riche, car au rythme auquel se succèdent les mauvaises nouvelles relatives à l’économie hexagonale, nous allons finir par manquer de qualificatifs.
Ainsi, après les déceptions, les déboires et les sommets historiques atteints depuis un an par le déficit extérieur français, ce dernier a franchi une nouvelle marche dans sa phase de dégradation. En effet, en juin, le déficit de notre balance commerciale a atteint l’incroyable niveau de 5,64 milliards d’euros, pulvérisant ainsi son précédent record de 4,7 milliards qui datait de… mai 2008.
Sur douze mois, ce déficit atteint mécaniquement un nouveau record historique a 48,338 milliards d’euros. Dès lors, même si une correction baissière est enregistrée en juillet, la barre des 50 milliards d’euros devrait être atteinte sans difficulté.
Certes, il sera toujours possible de relativiser ces nouveaux records, en mettant en exergue le creusement du déficit énergétique de quasiment 1,5 milliards d’euros sur le seul mois de juin. Pour autant, il ne s’agit là que d’une piètre consolation. Et pour cause : nos exportations n’ont augmenté que de 0,5 % en valeurs en juin, après avoir chuté de 5,1 % au cours des trois mois précédents. Ce rattrapage est donc particulièrement faible et ce d’autant que l’euro s’est fortement apprécié en juin. Ce qui signifie qu’en volume (donc hors effet prix), les exportations ont continué de se dégrader.
Il faut d’ailleurs noter que sur les trois derniers mois, les exportations françaises ont fondu dans les secteurs de l’automobile, des biens d’équipement et aussi à destination des douze nouveaux Etats membres de l’Union Européenne et vers les Etats-Unis. De quoi confirmer que les produits français souffrent fortement du ralentissement mondial et de la décélération internationale du secteur de l’automobile.
Cela tranche bien entendu avec le nouveau record atteint en juin par l’excédent commercial allemand à 19,7 milliards d’euros. Histoire de rappeler que les exportations allemandes continuent de bénéficier d’une bonne spécialisation sectorielle et géographique, mais aussi de la modernisation de l’économie germanique menée depuis 2003, tandis que les exportations françaises continuent de pâtir d’une mauvaise spécialisation géographique et sectorielle et surtout du manque de réformes structurelles refusées depuis plus de vingt ans.
Enfin, à quelques jours de la publication des comptes nationaux du deuxième trimestre, l’évolution de la balance commerciale trimestrielle est également riche d’enseignements. Ainsi, sur l’ensemble du deuxième trimestre, le déficit extérieur français en valeurs a atteint 14,049 milliards d’euros contre 10,337 milliards au premier trimestre. Ce creusement massif, qu’il faudra d’ailleurs augmenter mesuré en volume, confirme que le commerce extérieur devrait enlever au moins 0,3 point à la croissance française au cours du deuxième trimestre.
A côté d’une consommation en berne, d’une activité dans la construction en chute, d’une industrie dégradée et d’un secteur des services qui peine à résister, la variation du PIB français au deuxième trimestre devrait au mieux être nulle, voire légèrement négative. Réponse le 14 août.
Marc Touati