Etats-Unis/Euroland : le découplage se confirme.

Une fois encore, l’économie américaine surprend par sa résistance. En effet, alors que de nombreux économistes n’ont de cesse d’annoncer son écroulement depuis des mois, voire des années, celle-ci continue de résister et d’éviter la crise tant annoncée et parfois même souhaitée.

Ainsi, en juin, alors que le consensus de marché prévoyait une nette baisse de l’indice ISM des directeurs d’achat dans l’industrie américaine à 48,5 et que, pour notre part, nous annoncions le retour sur la barre des 50, cet indicateur avancé de la croissance américaine a finalement atteint 50,2.

Autrement dit, après quatre mois consécutifs sous la barre des 50 (qui, rappelons-le, représente la frontière entre la croissance et le recul de l’activité), le secteur industriel est en train de repasser dans le vert.

Certes, il n’y a évidemment pas de quoi pavoiser. Ainsi, l’indice des perspectives de prix flambe à 91,5 un plus haut depuis juillet 1979. De même, l’indice « emploi » continue de se dégrader, à 43,7, indiquant que le cost cutting n’est pas terminé dans l’industrie.

Enfin, l’indice des carnets de commandes reste sous les 50, à 49,6. Néanmoins, il faut se souvenir que cet indice était de 46,5 en mars et avril dernier. En d’autres termes, le plus dur est passé.

Et ce d’autant que l’indicateur relatif à l’évolution de la production a continué de progresser, passant de 51,2 en mai à 51,5 en juin, contre encore 48,7 en mars dernier. Le rebond de mai n’était donc pas un accident, mais bien un mouvement appuyé.

Dans ces conditions, la croissance américaine devrait poursuivre son redressement sur l’ensemble du second semestre et en 2009.

En revanche, la tendance est exactement inverse dans la zone euro. En effet, alors que cette dernière résistait tant bien que mal depuis quelques mois, le recul de l’activité est désormais une réalité. Ainsi, tant dans l’industrie que dans les services, l’indicateur des directeurs d’achat est passé sous la barre des 50 en juin.

Le triste scénario de 2002-2003 est donc bien en train de se répéter. En effet, à l’époque, comme aujourd’hui, de nombreux économistes annonçaient l’écroulement de l’économie américaine et la bonne tenue de celle de la zone euro. Néanmoins, compte tenu d’un policy mix accommodant outre-Atlantique et restrictif dans l’Euroland, c’est exactement l’inverse qui s’est produit. Aujourd’hui, bis repetita, à une différence près : en 2002, l’euro/dollar était faible, alors qu’actuellement il est excessivement fort. Autrement dit, le découplage entre le redémarrage américain et l’écroulement eurolandais risque d’être bien plus marqué qu’en 2002-2003. Mais puisqu’un consensus monétariste semble se dégager pour affirmer qu’une récession est nécessaire dans la zone euro, nous ne pouvons que subir ce triste choix.

 

Marc Touati