La confiance des industriels allemands impressionne.

Impressionnant ! Alors que les cours du pétrole ne cessent de battre des records, que l’euro évolue au-dessus de 1.50 EUR/USD depuis maintenant trois mois, que la croissance de l’économie américaine est proche de zéro depuis le quatrième trimestre 2007 et que la croissance mondiale ralentit, l’indice IFO de confiance des industriels allemands résiste et demeure à un niveau, certes inférieur à ses niveaux du premier semestre 2007, mais encore élevé.

Après être ressorti en hausse au cours des trois premiers mois de l’année 2008, il avait enregistré un net repli au mois d’avril (de 104.8 à 102.4) mais le chiffre du mois de mai, en hausse à 103.5, lui permet de revenir à un niveau supérieur à celui qui prévalait au mois de décembre 2007.

Certes, comparativement au sommet de 108,8 atteint en décembre 2006, le climat des affaires dans l’industrie allemande reste bien sur une tendance baissière. Certes encore, l’évolution de l’indice IFO en mai tranche avec celle de l’indice ZEW des anticipations du milieu financier, qui évolue à son plus bas niveau en quinze ans depuis le début de l’année et a encore reculé au mois de mai…

Pour autant, il faut reconnaître que l’augmentation du moral des industriels allemands a de quoi réconforter les dirigeants allemands. Et ce d’autant que cette hausse résulte à la fois d’une amélioration du sentiment sur la situation actuelle et d’un rebond des anticipations, qui étaient tombées à un plus bas en deux ans et demi en avril.

Après la publication d’une croissance record de 1.5 % du PIB sur le premier trimestre (qui semble largement due à une accumulation de stocks, à confirmer avec la publication du détail des composantes le 27 mai), ces chiffres semblent donc confirmer la solidité de la croissance allemande. Même si Gernot Nerb, de l’institut IFO, reconnaît que l’économie allemande ne peut se découpler du ralentissement de la croissance mondiale, il ne s’attend ainsi qu’à un ralentissement modéré de la croissance dans les trimestres à venir.

L’institut souligne aussi que la propension des ménages à consommer augmente, alors que les perspectives d’évolution de l’emploi restent modérément positives. Par ailleurs, les perspectives d’évolution des exportations sont toujours plutôt positives et l’IFO estime que les entreprises allemandes sont capables de s’accommoder de la force de l’euro (même si l’IFO juge la devise européenne surévaluée et s’attend à un repli d’ici à la fin de l’année). Ainsi, l’institut s’attend à une croissance du PIB allemand de 2 % en 2008.

En ce qui nous concerne, nous sommes également contraints de réviser en légère hausse notre prévision de croissance allemande pour cette année de 1,7 % à 1,9 %. Il n’y a donc toujours pas de quoi sauter au plafond. Néanmoins, la résistance de l’économie allemande dans un climat international difficile confirme que les profondes réformes menées outre-Rhin depuis 2003 continuent de porter leurs fruits. Un encouragement de taille pour inciter la France à s’engager enfin dans une véritable rupture économique.

 

Marc Touati et Adrien Pichoud