OGM, le camouflet

Cafouillage, camouflet, revers cinglant…Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la réaction de l’Assemblée Nationale au projet de loi sur les OGM (136 voix contre et 135 pour) . L’absentéisme de nos députés et le cumul des mandats n’expliquent pas ce manque de discipline de la part de la majorité parlementaire. Il s’agit bien d’un message direct adressé à Nicolas Sarkozy qui traduit le malaise grandissant d’une partie des députés vis à vis du Président. Les députés expriment également le mécontentement des Français qui les ont élus et dont ils défendent les intérêts à l’Assemblée Nationale. N’adhérant pas en bloc à toutes les réformes et déçus du mode de gouvernance actuel, les parlementaires de la majorité ont fait entendre leur voix en exprimant leur opposition à la loi sur les OGM. En qualité d’élus du peuple, ils manifestent également leur libre arbitre et leur autonomie vis à vis du Président.

 

Il semble également que Nicolas Sarkozy subisse le contrecoup de son mode d’exercice quasi  exclusif  du pouvoir. Le rejet du texte sur les OGM est en effet symptomatique du dérèglement de l’articulation entre le Président, le gouvernement et la majorité parlementaire. Le Président étant aux commandes avec ses conseillers et principalement Claude Guéant, François Fillon n’est plus vraiment dans son rôle de Premier Ministre (la gestion des grandes orientations émises par le Président et chef de la majorité). Le déficit démocratique de ce système génère un manque de discipline des parlementaires de la majorité.

 

A propos cet épisode des  OGM, si François Fillon parle « d’incident regrettable » et Jean François Copé « d’accident de parcours », il s’agit bel et bien d’une première « rébellion » des parlementaires UMP face à la domination de Nicolas Sarkozy. Si un passage en force a permis in fine de faire voter cette loi, Nicolas Sarkozy doit tirer les leçons de l’incident en repensant les relations entre l’Elysée, le gouvernement et les parlementaires, et en montrant qu’il est davantage à l’écoute de ces derniers. Le Président, qui doit reprendre en main sa majorité, a d’ailleurs fait preuve d’une grande réactivité sur un autre dossier puisqu’il est déjà passé à l’offensive sur le service minimum dans l’Education Nationale.

 

Il est toutefois paradoxal qu’actuellement, le Nicolas Sarkozy  rencontre davantage de difficultés vis à vis de sa propre majorité que vis à vis de l’opposition …

 

 

La phrase de la semaine:

« Le PS est une pièce montée sur laquelle on a placé la figurine alors qu’on n’a pas fini le gâteau  » Julien Dray, porte parole du Parti Socialiste.

 

 

rôme Boué