Sarkophonie.

Nicolas Sarkozy est  toujours en baisse dans les sondages (38 % d’opinions favorables soit  -3 points selon Opinion Way ) derrière François Fillon, qu’il tire vers le bas, mais qui demeure néanmoins plus populaire que lui (51% d’opinions favorables soit -3 points). Baisse encore plus sévère selon le dernier sondage IFOP – JDD qui crédite Nicolas Sarkozy de 36 %  d’opinions favorables (52 % pour François Fillon), soit le plus mauvais score d’un Président de la V° République un an après son élection. Il semble que Nicolas Sarkozy supporte de moins en moins François Fillon, à qui il reproche le manque de soutien dans les moments difficiles. Dans ce contexte, il semble que les chiffres des sondages ajoutent de l’huile sur le feu. De plus, F. Fillon, dont la docilité fut l’un des critères de « recrutement », s’affirme de plus en plus vis-à-vis du Président. Le Premier Ministre, que l’on croyait réduit au rôle de faire valoir du fait de la personnalité écrasante de Nicolas Sarkozy, se révéla brillant lors de sa défense de la politique étrangère de la France après la motion de censure de François Hollande. Prestation qui fut d’ailleurs très appréciée par les députés de la majorité.

 

Ceux qui pensaient donc que François Fillon n’avait aucune ambition présidentielle se trompent lourdement. En effet, le Premier Ministre ne déroge pas à la règle qui veut que tout nouveau Chef de Gouvernement pense immédiatement à l’Elysée dès lors qu’il a franchi les portes de Matignon. De même, les difficultés relationnelles que rencontre le tandem  Sarkozy /  Fillon s’inscrivent dans la continuité des rapports qu’entretenaient entres eux leurs prédécesseurs  sur les 30 dernières années (à quelques exceptions près). Quoiqu’il en soit, les deux hommes ne montrent pas vraiment l’exemple au Gouvernement, qui en aurait pourtant besoin actuellement.

 

En effet, on a récemment assisté à de nombreuses anicroches entres les ministres. Ainsi, des divergences de point de vue ont  été constatées entre Bernard.Kouchner et Rama Yade (sur la question du Tibet) mais aussi entre Jean-Louis  Borloo et Nathalie Kosciusko- Morizet (sur les OGM). Pour ne pas arranger les choses, N.Sarkozy met régulièrement en avant Xavier Bertrand, alimentant les rumeurs sur son statut de premier ministrable. Il créé ainsi une scission au sein du Gouvernement entre les pro Bertrand et les pro Fillon. Enfin, de vives tensions apparaissent entre l’exécutif et les parlementaires UMP. Ces derniers critiquent de plus en plus ouvertement le gouvernement et  s’insurgent toujours du manque d’écoute dont ils font l’objet ( le syndrome du rapport Attali plane toujours …) . Les points de désaccord ne manquent pas, qu’il s’agisse des OGM, de la carte famille nombreuse, du Tibet, ou encore des remboursements des dépenses d’optique, pour ne citer que quelques exemples. Bref, nous sommes en pleine Sarkophonie !  

 

Que faut-il en penser ? Concernant la liberté de parole des ministres, imposer de nouvelles  règles s’avère être un exercice plus difficile qu’on ne le croit pour Nicolas Sarkozy. En effet, le Président a lui-même instauré un nouveau mode de gouvernance qui prend en compte la diversité et la liberté de parole de chacun (un des aspects de l’ouverture). On est désormais bien loin de l’époque mitterrandienne où Jean-Pierre Chevènement affirmait : « un ministre ça ce soumet ou ça se démet ». Le Président doit donc désormais tenter d’éteindre ce qu’il a contribué à allumer. De plus, il ne faut pas oublier que Nicolas Sarkozy fut lui-même « l’électron libre » du quinquennat Chirac et à ce titre, il n’est pas le mieux placé pour donner des leçons aux ministres qui « sortent un peu du rang ». Quant aux relations tendues entre l’exécutif et les parlementaires, il faut garder à l’esprit que Nicolas Sarkozy a été choisi parce qu’il était le « meilleur cheval » face à la gauche pour gagner les présidentielles, ce qui ne signifie pas que son camp adhérait « en bloc » à la totalité de son programme. A suivre…    

 

La phrase de la semaine :

« Au bout d’un an les travaux de 5 ans ne sont pas terminés, c’est comme dans une maison » de Xavier Bertrand, Ministre du travail (Canal + )

 

rôme Boué