Nicolas Sarkozy remonte lentement mais sûrement dans les sondages et comble progressivement son déficit en terme d’image. Ainsi, il gagne 4 % de bonnes opinions selon le dernier sondage BVA – Orange – L’Express.
Il n’hésite pas non plus à passer « à l’offensive » comme le montrent ses dernières mesures en matière budgétaire ou en matière de politique étrangère.
Tout d’abord, dans le domaine économique et social, le Président s’attaque aux dépenses publiques dans le cadre de la RGPP (Réforme Générale des Politiques Publiques). Ainsi, 140 mesures ont été mises en place avec pour objectif la réalisation de 7 milliards d’économies structurelles (5 milliards net) à l’horizon 2011. Si de prime abord cette somme peut paraître importante, il faut néanmoins relativiser son ampleur. En effet, l’Etat dépense annuellement quelques 272 milliards d’euros et les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 12 milliards d’euros l’an ces dix dernières années. Autant dire que la route de l’équilibre budgétaire reste longue … Toutefois cette lutte contre les déficits reste majoritairement approuvée par les Français puisque 79 % d’entre eux jugent indispensable la réduction du train de vie de l’Etat et 60 % approuvent le « gel de la dépense publique pendant 5 ans » (sondage Opinion way pour le Figaro et LCI).
La gauche, qui avait déjà dénoncé le paquet fiscal (considéré comme un « cadeau aux riches »), tire désormais à boulets rouges sur ces mesures d’économies qu’elle qualifie de plan de rigueur. Ainsi Michel Sapin
(ancien ministre de l’économie) estime qu’avec une croissance estimée à 1.5 %, la hausse des prélèvements obligatoires apparaît à court terme comme inéluctable. Mais ceux qui s’opposent à toute hausse d’impôts (raisonnement économiquement justifié si l’on ne veut pas affecter la croissance) et qui critiquent à la fois les mesures d’économies budgétaires prises récemment, n’ont pas encore proposé de solution viable pour mettre un terme à la dérive des comptes publics.
La deuxième offensive du Président qui consiste à envoyer quelques 800 hommes en Afghanistan n’est pas à proprement parler populaire. 62 % des Français interrogés estiment que cela ne permettra pas d’améliorer la situation et 54 % des partisans du Président ne sont pas convaincus par cette initiative (sondage Opinion way pour le Figaro et LCI). A gauche, les critiques fusent encore. Au delà des dépenses additionnelles liées à cette décision – plutôt malvenues en période de « vaches maigres » – le Président est attaqué sur l’aspect unilatéral de sa démarche (pas de consultation du Parlement). Une motion de censure sera d’ailleurs prochainement déposée. Pour les socialistes, il y a donc « un exécutif et des exécutants ». Noël Mamère emploiera même le terme de « paillasson » pour qualifier la manière dont l’opposition est traitée.
Enfin, on voit ressurgir les vieilles attaques sur l’atlantisme de Nicolas Sarkozy et son « suivisme » vis à vis des Etats Unis. Il faut toutefois savoir garder le sens de la mesure et ne pas tomber dans la caricature … Ainsi, si l’atlantisme du Président est bien réel, il faut le relativiser. En effet, les positions de Nicolas Sarkozy vis à vis de Hugo Chavez ou de Vladimir Poutine ne vont pas dans le sens de la politique américaine.
Pour en revenir au débat qui fait rage sur l’envoi de troupes en Afghanistan, l’essentiel ne réside pas tant dans les moyens employés que dans l’objectif visé par cette action. La stratégie de la France est bien sur d’empêcher les Talibans de revenir au pouvoir mais elle doit aussi prendre la forme d’une vision à plus long terme sur la reconstruction du pays et le maintien de la stabilité dans le temps. Comme l’a souligné avec beaucoup de lyrisme Dominique de Villepin, la France doit jouer son rôle de patrie des droits de l’homme. Dans le même esprit, Nicolas Sarkozy doit par ailleurs résoudre l’équation Chinoise face au problème du Tibet avant l’ouverture des jeux en 2008 mais il s’agit là déjà d’une autre histoire …
La phrase de la semaine :
« Maçon, il l’est sûrement, mais franc … » De François Fillon à propos de Xavier Bertrand.
Jérôme Boué