La vraie fausse popularité de François Fillon.

François Fillon confirme sa bonne cote de popularité (52 % d’opinions favorables IPSOS le Point, +7%) et dépasse une nouvelle fois Nicolas Sarkozy dans les sondages (qui lui subie une nouvelle baisse de 10%). Le Premier Ministre prend de plus en plus d’assurance comme le prouve sa décision d’annoncer l’augmentation de 5% du minimum vieillesse, devançant ainsi le Président. Par ailleurs, il s’investit pleinement dans la campagne des municipales.

Fort de cette popularité auprès des Français, François Fillon est-il pour autant à l’abri du syndrome dit « de la malédiction de Matignon » ? Syndrome qui touche la plupart les Premiers Ministres lors de leur passage rue de Varenne, puisqu’ils en sortent laminés physiquement, moralement et politiquement. Rien n’est moins sûr…

En effet la popularité de François Fillon est à la fois artificielle et extrêmement fragile !!

Artificielle car le mode de gouvernance actuel n’est absolument pas comparable aux présidences précédentes où le Premier Ministre était en première ligne alors que le Président ne s’exposait pas personnellement et prenait de la hauteur. Aujourd’hui, bien qu’il s’en défende, Nicolas Sarkozy est par son omniprésence Président et Premier Ministre à la fois. En effet, si François Fillon met en musique les réformes, le chef d’orchestre est bel et bien Nicolas Sarkozy qui endosse par conséquent la responsabilité du manque de résultats de la politique gouvernementale. François Fillon est donc populaire aux yeux des Français car il n’est pas vraiment exposé.

Artificielle également, car ce n’est pas tant François Fillon que les Français plébiscitent à travers ces sondages, mais bien Nicolas Sarkozy qu’ils sanctionnent. Ainsi, pour le Président, c’est le retour de manivelle. Après la magie du verbe et les promesses électorales, le « Sarko show » a atteint ses limites aux yeux des Français. A l’inverse, François Fillon, le «  paysans Sarthois » comme il aime se définir, apparaît comme «  l’anti Sarkozy ». Modeste, calme et nuancé, il semble plus crédible aux yeux des Français à qui il inspire davantage confiance que Nicolas Sarkozy, Président sur-vitaminé en ray ban…

Enfin, cette popularité de François Fillon est extrêmement fragile. En effet, si le mode de gouvernance a changé,   (hyper présidence), le Premier Ministre reste néanmoins – et c’est un paradoxe – le principal fusible du Président si ce dernier le jugeait utile à sa stratégie politique. Or, l’avenir ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour le gouvernement. Outre les municipales qui risquent de tourner à la berezina pour la droite, la conjoncture économique internationale morose et les « caisses vides » ne favorisent pas la mise en oeuvre des réformes. Les Français s’impatientent de plus en plus face à un Président dont la rapidité d’action est inversement proportionnelle aux résultats. D’ailleurs, ces derniers temps, Nicolas Sarkozy met particulièrement en avant Xavier Bertrand (premier ministrable notoire) avec qui il s’affiche de plus en plus… Il n’est pas recommandé  d’être plus populaire que le Président en Sarkozie.     

 

La phrase de la semaine:

« Tant que Fillon sera au plus haut dans les sondages, Sarkozy s’amusera avec Bertrand » un conseiller de l’Elysée .

rôme Boué