Nicolas Sarkozy passe t-il à côté des Français ?

Nicolas Sarkozy poursuit son dévissage dans les sondages (- 13 %) avec 55 % des Français qui ne lui font pas confiance (Sofres). Les attaques des parlementaires à l’égard de ses principaux conseillers (Claude Guéant et Henri Guaino) apparaissent clairement comme une critique en filigrane de son action. Il semble que Nicolas Sarkozy passe à coté des Français.

Tout d’abord, notre Président, très attaché à la notion de réussite sociale, a sous-estimé la réticence des Français face au matérialisme « à l’américaine » et au pouvoir de l’argent. En effet, une partie des Français n’approuve ni le libéralisme ni la mondialisation, et 39% d’entre eux estiment qu’Olivier Besancenot devrait jouer un rôle dans l’avenir politique du pays. Le Président apparaît donc clairement en décalage avec cette tranche de la population. 

D’autre part, Nicolas Sarkozy incarne la démesure : quoi qu’il fasse, il en fait trop (trop pressé, trop brutal, trop présent etc…). La France est ainsi passée sans transition d’un « Président monarque » à l’ancienne au Président people ultra médiatisé qui désacralise la fonction. Nicolas Sarkozy devrait méditer sur l’exemple de Valérie Giscard d’Estaing, élu à 48 ans, et qui comme lui a voulu incarner la modernité par son style « à la Kennedy ». Passé l’enthousiasme initial, les Français ont découvert un monarque distant au style compassé et ne le lui ont jamais pardonné. Ainsi, plus les attentes sont fortes, plus la chute est sévère. Rappelons que VGE quitta l’Elysée en 1981 sous les huées et les sifflets.

En passionné de sport qu’il est, le Président devrait se rappeler que les Français qui adulent les champions après leurs exploits, sont également prompts à brûler leurs idoles en cas de contre performance. Nicolas Sarkozy, qui reprochait à Chirac de gérer la France quand lui veut la transformer, devra trouver son rythme de croisière avec les Français. Nous lui conseillons donc vivement de méditer les paroles de Dominique de Villepin, Premier Ministre en proie à la crise des banlieues en 2005 : « en France, il ne faut jamais avoir un genou à terre. Quand vous avez un genou à terre, on lâche les chiens, on vous saigne» (extrait du livre de B Lemaire, Des Hommes d’Etat)

 

La phrase de la semaine:

« J’écoute, je lis, j’entends tout ce qui se dit. Après les municipales, je prendrai avec sang-froid les décisions qui s’imposent » de Nicolas Sarkozy au cours du dernier conseil des ministres.

 

rôme Boué