Rapport Attali : l’équation complexe de Nicolas Sarkozy.

Jacques Attali a remis à Nicolas Sarkozy le très attendu rapport de sa commission pour la libération de la croissance française. L’inspiration libérale de ce rapport évoque la création d’instances de régulation de la concurrence, la déréglementation dans certaines professions ou encore la réforme de la grande distribution. Jacques Attali est convaincu que son rapport s’inscrira dans l’histoire économique française. D’ailleurs, il semble avoir quelques difficultés à accepter la moindre critique concernant son travail, Jean Pierre Raffarin et François Hollande en ont fait les frais… L’ex conseiller spécial de François Mitterrand ne fait pas dans la demi mesure, puisqu’il exige que son rapport soit adopté « en bloc » et immédiatement à défaut de quoi il ne serait pas efficace.

Les objectifs affichés sont extrêmement ambitieux. Ainsi, si toutes les mesures sont mises en oeuvre entre avril 2008 et juin 2009, Jacques Attali promet à l’horizon 2012 un taux de chômage ramené à 5%, une dette publique à 55% du PIB et un point de croissance supplémentaire. Nicolas Sarkozy qui avait annoncé à propos de ce rapport « Ce que vous proposerez nous le ferons » n’a peut être pas mesuré l’engagement qu’il prenait en signant un chèque en blanc à Jacques Attali. Si le volontarisme du Président est une condition nécessaire pour libérer la croissance française, ce n’est malheureusement pas une condition suffisante. L’application de ce rapport sera plus compliquée que prévue.

Tout d’abord, l’aspect budgétaire semble complètement occulté. Jacques Attali affirme que l’objectif de baisse de 1% des dépenses publiques sera respecté et que ses propositions ont été chiffrées avec Bercy. Pourquoi n’en a t il pas fait mention dans le rapport ?

D’autre part, la mauvaise conjoncture économique internationale risque de freiner considérablement la portée des mesures annoncées. Jacques Attali ne devra pas compter sur le soutien de JC Trichet, toujours en croisade contre l’inflation au détriment de la croissance.

Ensuite, le rapport Attali a fait l’objet d’une levée de boucliers à gauche comme à droite, avec une mention spéciale pour les parlementaires de l’UMP. Ils dénoncent en effet la république des experts et n’ont nullement l’intention de « digérer le rapport Attali d’un bloc ». François Fillon les a du les rassurer en leur promettant qu’ils seraient associés au débat et qu’ils pourraient même « faire leur marché » dans les propositions Attali. L’intéressé appréciera…

Enfin, avant même sa sortie, ce rapport suscitait peu d’enthousiasme chez les Français. Selon le sondage BVA 18-19 janvier, un tiers des personnes interrogées jugeaient les futures mesures Attali susceptibles de doper la croissance française. 

Les difficultés ne font donc que commencer pour le gouvernement car il faut maintenant mettre en oeuvre ce rapport. Contrairement à ce que pense le Président Sarkozix, Jacques Attalix n’a pas trouvé la potion magique.

 

La phrase de la semaine:

« J’ai demandé à François Hollande s’il avait des idées. Il m’a répondu: « écoute, en ce moment on n’est occupé par autre chose que d’avoir des idées. Sois gentil, envoie quelques idées qui peuvent se trouver dans ton rapport et je te les enverrai comme étant les miennes »  Jacques Attali dans Le Figaro, à propos de François Hollande qui a critiqué le rapport

rôme Boué