L’augmentation de l’inflation n’est désormais plus seulement dans la tête des Français, elle l’est aussi dans les statistiques officielles. En effet, après avoir déjà augmenté de 0,5 % en novembre, l’indice des prix à la consommation calculé par l’INSEE a encore progressé de 0,4 % en décembre. Son glissement annuel atteint ainsi 2,6 %, un plus haut depuis juin 1992 !
Si l’hyper inflation n’est toujours pas à l’ordre du jour, il faut tout de même reconnaître que les dangers qui pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages n’ont jamais été aussi forts depuis plus de quinze ans et ce d’autant que la progression des revenus est loin d’être à l’aune de celle des prix.
Néanmoins, ces chiffres ne doivent aucunement conclure à la nécessité d’une augmentation des taux directeurs de la BCE. En effet, un resserrement monétaire pour contrer l’inflation n’aurait de sens que si cette dernière était due à un excès de demande, donc de croissance. Or tel n’est absolument pas le cas aujourd’hui. Loin s’en faut, puisque l’accélération des prix s’explique principalement par une tension des prix énergétiques et alimentaires. En décembre, l’inflation française n’est ainsi que de 1,9 % hors énergie et de 1,8 % hors énergie et produits alimentaires. Parallèlement, l’inflation des produits manufacturés reste toujours aussi faible, en l’occurrence 0,4 % en décembre.
Malheureusement, les produits dont les prix augmentent le plus sont ceux du quotidien (énergie, alimentaire, loyer), c’est-à-dire qui représentent une part importante dans les dépenses des ménages les plus modestes. D’où une exacerbation des difficultés pour ces derniers.
Dans ce cadre, le moral des Français risque de rester faible et leurs dépenses de consommation de moins en moins fortes. Certes, les soldes devraient, comme d’habitude, permettre une légère embellie, mais qui ne sera que très passagère. C’est bien là que le bât blesse : de par la faiblesse de leur pouvoir d’achat et la forte hausse de leur endettement depuis 2003, de plus en plus de ménages ne peuvent aujourd’hui consommer que pendant les soldes.
Faut-il pour autant faire des soldes toute l’année ? Certainement pas. Non seulement parce qu’une part considérable des produits à bas prix est importée, mais aussi parce que la fragilité de la consommation des ménages n’est pas seulement un problème de prix mais elle est surtout un problème de revenu.
En d’autres termes, une inflation de 2,6 %, voire de 3 % n’est pas un danger si et seulement si l’emploi et les revenus de la grande majorité des Français augmentent davantage. Ce qui n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui et qui ne le sera pas tant que l’économie française ne sera pas modernisée tant en termes de pressions fiscales que réglementaires.
Seul réconfort possible à court terme : de par l’effet des soldes et de l’accalmie récente des prix énergétiques et alimentaires, les prix devraient reculer d’environ 0,5 % en janvier 2008, engendrant un glissement annuel de 2,4 %.
Marc Touati