Officiellement, l’économie chinoise a déjà digéré la crise du Covid19…

Les Chinois nous surprendront toujours : même si les chiffres sont certainement truqués, le Bureau National de la Statistique Chinoise vient effectivement d’annoncer qu’après avoir chuté de 9,8 % au premier trimestre 2020, le PIB de l’Empire du Milieu a bondi de 11,5 % au deuxième trimestre.

Grâce à ce rebond, attendu mais surprenant par son ampleur, le PIB chinois aurait donc déjà effacé la crise du Covid19, puisqu’il se situe 0,6 % au-dessus de son niveau du quatrième trimestre 2019. Son glissement annuel remonte même à 3,5 %, après être tombé à – 5,7 % au cours du trimestre précédent.

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EconomicWorld170720

Chine : la reprise en V existe…

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Sources : NBSC, ACDEFI

 

Dans ce cadre, si le rythme de progression trimestrielle revient vers un niveau plus normal de 1,5 % au cours des deux derniers trimestres 2020, la variation annuelle moyenne du PIB chinois sur l’ensemble de l’année 2020 sera bien positive, à + 1,3 %.

Cela restera évidemment bien inférieur aux performances des années récentes, qui ont par exemple été de 6,2 % l’an passé et de 7,4 % en moyenne au cours de la dernière décennie.

Au demeurant, compte tenu de l’ampleur de la crise sanitaire, ce « petit » 1,3 % constituera un résultat très honorable. D’autant que, grâce à lui, la Chine devrait être l’un des rares pays de la planète à afficher une variation positive de son PIB sur l’ensemble de l’année 2020.

Bien entendu, il s’agira là des chiffres officiels, mais comme nous n’en aurons pas d’autres, il faudra bien s’en contenter.

En attendant, il faut noter que la production industrielle a également continué son processus de rattrapage, son glissement annuel passant d’un plancher de – 13,5 % en février dernier à + 4,4 % en mai et + 4,8 % en juin.

 

La production industrielle et les ventes au détail se redressent très progressivement.

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Sources : NBSC, ACDEFI

 

Du côté des ventes au détail, si l’heure est aussi au redressement, leur glissement annuel demeure néanmoins négatif, à – 1,8 % en juin, après – 2,8 % en mai et un plancher de – 20,5 % en février 2020.

 

L’excédent commercial reste fragile.

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Sources : NBSC, ACDEFI

 

Du côté du commerce extérieur, l’amélioration est également très progressive. Ainsi, après avoir rebondi à 62,93 milliards de dollars en mai, l’excédent commercial chinois est reparti à la baisse en juin à 46,42 milliards de dollars.

De même, sur douze mois, il est passé de 467,1 milliards de dollars en mai à désormais 462,54 milliards de dollars. Il retrouve donc bien ses niveaux de 2017.

Il faut dire que pour tenter de s’en sortir, les Chinois n’ont pas hésité à utiliser l’arme du taux de change, avec une dépréciation du renminbi autour des 7 yuans pour un dollar, contre par exemple 6,3 en 2018 et un niveau d’équilibre de la parité des pouvoirs d’achat de 3,5.

 

La faiblesse du yuan soutient la croissance chinoise.

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Sources : NBSC, ACDEFI

 

Avec une telle devise de combat, la Chine a donc pu facilement redorer le blason de ses exportations, en dépit de la récession mondiale.

Pour inverser la tendance, il faudrait qu’un mouvement de boycott international des produits chinois s’opère au cours des prochains trimestres. Dans ce cadre, il est clair que la dépréciation du yuan ne servira pas à grand-chose. Pire, elle ne fera qu’aggraver l’inflation et peser à la baisse sur la consommation et l’activité globale de l’Empire du milieu.

Mais ce dernier pourra alors utiliser au maximum sa dernière « arme », en l’occurrence ses réserves de changes. Après avoir baissé à 3 060 milliards de dollars en mars 2020, celles-ci ont d’ailleurs retrouvé le chemin de la hausse dès le mois d’avril, avec un niveau de 3 091 milliards de dollars, soit près de 400 milliards de plus que le PIB français de 2019…

 

Les Réserves de changes chinoises repartent déjà à la hausse.

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Sources : NBSC, ACDEFI

 

Lors de la crise de 2015, la Chine avait ainsi utilisé 1 000 milliards de dollars pour relancer la machine avec succès.

Les 3 091 milliards de dollars encore à disposition conférent donc à la Chine une marge de manœuvre considérable et pourrait même lui permettre de continuer de souffrir un peu moins que les autres grandes économies de la planète, qui n’ont malheureusement quasiment plus de cartouches pour relancer leur économie après la crise.

C’est là un autre drame de cette pandémie : elle vient de Chine, mais c’est cette dernière qui pourrait en pâtir le moins. Sauf si une prise de conscience internationale s’impose pour boycotter l’Empire du milieu, tant que ce dernier ne respectera pas un minimum de règles démocratiques et sanitaires.

En attendant, force est de constater qu’officiellement, la Chine ne déplore que 4 634 morts du Covid19 (sur 1,4 milliards d’habitants, c’est évidemment très peu…) et a déjà digéré la crise économique qui n’a finalement duré qu’un trimestre et ne peut donc pas être qualifiés de récession. Comme diraient nos jeunes « trop forts ces Chinois ! »

 

Marc Touati