Plongeon du PIB : ça commence fort… surtout en France et dans la zone euro.

Même dans leurs rêves les plus fous, les tenants de la décroissance n’auraient pas pu l’imaginer : le PIB s’effondre massivement partout !

Ainsi, et sans surprise, après la chute de 9,8 % du PIB chinois au premier trimestre 2020, l’Europe et les Etats-Unis sont en train de subir la même sanction. A une différence près : dans la mesure où, des côtés de l’Atlantique, le confinement n’a commencé que dans la deuxième partie du mois mars, la chute du PIB du premier trimestre n’est qu’un avant-goût de celle du deuxième trimestre, qui risque donc d’être encore plus forte.

En attendant, les faits sont là : les chutes du PIB à travers le monde sont d’ores et déjà dramatiques.

Et ce, en particulier en France qui est devenue le pays développé le plus touché par la récession. En effet, au premier trimestre 2020, le PIB français a chuté de 5,8 %, atteignant un glissement annuel de – 5,4 %. Dans les deux cas, il s’agit de plus bas historiques.

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PIB français : – 5,8 % sur un trimestre et – 5,4 % en glissement annuel, du jamais vu !

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Sources : INSEE, ACDEFI

Le détail des comptes nationaux français du premier trimestre est tout aussi catastrophique. La consommation des ménages a ainsi chuté de 6,1 % sur un trimestre, affichant un glissement annuel de – 5,3 %. Dans les deux cas, il s’agit là aussi de planchers historiques.

L’investissement logement des ménages s’est également effondré : – 13,7 % sur un trimestre et – 11,7 % en glissement annuel. Du jamais vu dans le premier cas et, dans le second, seulement 2,6 points de mieux que le plus bas historique du deuxième trimestre 2009, mais qui sera certainement battu dès le deuxième trimestre 2020.

Sanction similaire pour l’investissement des entreprises non-financières : un effondrement trimestriel historique de – 11,4 % et un glissement annuel de – 8,8 %, qui reste encore supérieur de 5 points au plus bas du troisième trimestre 2009 ; un record qui devrait être largement battu dès le deuxième trimestre 2020.

Consommation et investissement des ménages, investissement des entreprises : tout s’effondre…

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Sources : INSEE, ACDEFI

Après la France, le deuxième pays occidental le plus gravement touché par la récession est l’Espagne. Son PIB a ainsi subi une chute historique de 5,2 % au premier trimestre 2020. Son glissement annuel tombe à 4,1 %, soit seulement 0,3 point de mieux que le plancher historique du deuxième trimestre 2009.

Le PIB espagnol chute aussi très fortement.

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Sources : INE, ACDEFI

Aussi étonnant que cela puisse paraître, dans le pays de la planète le plus touché par l’épidémie, en l’occurrence l’Italie, le PIB n’a chuté « que » de 4,7 %, ce qui constitue néanmoins du jamais vu. Et si son glissement annuel tombe à – 4,8 %, il reste encore 2,4 points au-dessus de son plancher historique du premier trimestre 2009. Pour autant, l’Italie est entrée dans sa quatrième récession depuis 2008 et cette dernière sera évidemment la plus forte et la plus dévastatrice.

L’Italie plonge dans sa quatrième récession depuis 2008, qui sera aussi la plus dévastatrice.

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Sources : ISTAT, ACDEFI

Pour terminer ce tour d’horizon de la récession européenne, et en attendant les chiffres officiels de l’économie allemande (qui sont vraisemblablement moins dramatiques que ceux des trois pays précédents), celle de l’ensemble de la zone euro a aussi connu un effondrement historique.

La zone euro plonge aussi mais limite les dégâts.

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Sources : Eurostat, ACDEFI

En effet, le PIB de l’Union Economique et Monétaire a plongé de 3,8 % au premier trimestre 2020, du jamais vu ! Son glissement annuel a également fortement régressé, tombant à – 3,3 %, ce qui reste cependant bien moins grave que la situation française et le record de – 5,7 % enregistré par la zone euro au premier trimestre 2009.

La France fait pire que l’Italie et devient la lanterne rouge de la zone euro.

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Sources : Eurostat, INSEE, ISTAT, ACDEFI

De plus, comme l’ont déjà montré la semaine passée les derniers indices Markit des directeurs d’achat ou encore, cette semaine, l’indice de sentiment économique d’Eurostat, la baisse du PIB ne fait malheureusement que commencer tant en France qu’en Italie ou dans l’ensemble de la zone euro.

Le plongeon du PIB ne fait que commencer.

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Sources : Eurostat, ACDEFI

Une fois encore et comme le laissait déjà anticiper les indicateurs avancés de l’activité, l’économie la moins affectée reste celle des Etats-Unis.

L’économie américaine plie mais ne rompt pas…

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Sources : BEA, ACDEFI

Au premier trimestre 2020, le PIB américain n’a ainsi reculé que de 1,2 % (4,8 % en rythme annualisé) et se paie même le luxe d’afficher un glissement annuel encore légèrement positif de + 0,3 %. L’écart de croissance Etats-Unis/Zone euro atteint ainsi un sommet historique de 3,6 points à l’avantage de l’Oncle Sam.

A 3,6 points, l’écart de « croissance » Etats-Unis/Zone euro n’a jamais été aussi élevé.

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Sources : BEA, Eurostat, ACDEFI

De plus, en dépit d’une baisse conséquente de 1,9 %, la consommation des ménages continue de croître de 0,6 % sur un an. Quant à l’investissement des entreprises, il recule certes de 2,2 % sur un trimestre et de 3,6 % en glissement annuel, mais ces replis demeurent encore très loin des plongeons de 2009, à respectivement – 7,5 % et    – 17,1 % au plus bas.

L’investissement des entreprises et la consommation des ménages baissent sans s’effondrer.

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Sources : BEA, ACDEFI

Il faut d’ailleurs noter qu’en dépit d’une forte baisse, les indicateurs avancés de la croissance américaine continuent de résister. Et ce, qu’il s’agisse des indicateurs des directeurs d’achat ou de celui du Conference Board de confiance des ménages.

La confiance des ménages américains chute mais reste encore appréciable.

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Sources : BEA, Conference Board, ACDEFI

Une fois encore, l’économie américaine a été, est, et restera donc devant celle de la zone euro, tandis que cette dernière demeurera tirée vers le bas par celle de la France. Quelle tristesse !

Marc Touati