Chine : le grand bond en arrière…

Même si les chiffres sont certainement truqués, le Bureau National de la Statistique Chinoise vient d’annoncer qu’au premier trimestre 2020, le PIB chinois a plongé de 9,8 %. Du jamais vu depuis la fin de l’ère maoïste. En un trimestre, son glissement annuel passe ainsi de + 6 % à – 5,7 %.

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Forte récession et inflation élevée s’imposent en Chine.

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Sources : NBSC, ACDEFI

Dans le même temps, l’inflation chinoise est restée élevée, à 4,3 % en mars, tandis que les prix à la production sont restés en déflation, affichant un glissement annuel de – 1,5 % en mars.

Inflation élevée pour les ménages et déflation pour les entreprises.

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Sources : NBSC, ACDEFI

L’Empire du milieu est donc bien en train de vivre une crise sans précédent, qui est certainement loin d’être terminée.

D’ailleurs, même si la production industrielle a vraisemblablement rebondi en mars, son glissement annuel reste négatif, à – 1,1 %. Mais surtout, les ventes au détail continuent de reculer fortement. Après avoir être tombé à – 20,5 % en février, leur glissement annuel était encore de – 15,8 % en mars.

La production industrielle rebondit, mais les ventes au détail continuent de souffrir fortement.

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Sources : NBSC, ACDEFI

Une situation qui devrait perdurer selon les enquêtes Caixin des directeurs d’achat de mars.

La crise va durer.

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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI

En effet, si l’indice Caixin « industrie » a retrouvé la barre des 50 (à 50,1 précisément), celui relatif aux services est resté largement en-deçà, à 43.

En d’autres termes, en dépit d’un rebond technique de l’activité industrielle, la demande adressée aux entreprises chinoises dans leur ensemble demeure très faible, indiquant que la crise économique va perdurer.

D’ailleurs, même si en mars la balance commerciale chinoise a dégagé un excédent de 19,9 milliards de dollars, l’excédent sur douze mois continue de se dégrader nettement.

La balance commerciale chinoise demeure très fragile.

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Sources : NBSC, ACDEFI

Pour tenter de s’en sortir, les Chinois sont néanmoins en train d’utiliser leurs deux « airbags » favoris. D’une part, la dépréciation du yuan.

L’arme du taux de change pourra-t-elle sauver la Chine ?

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Sources : NBSC, ACDEFI

Avec une devise de combat à plus de 7 yuans pour un dollar (contre un niveau de la parité de pouvoir d’achat de 3,5), la Chine pourrait évidemment redorer le blason de ses exportations. Du moins sur le papier. Car, si un mouvement de boycott international des produits chinois s’opère au cours des prochains trimestres, il est clair que la dépréciation du yuan ne servira pas à grand-chose. Pire, elle ne fera qu’aggraver l’inflation et peser à la baisse sur la consommation et l’activité globale de l’Empire du milieu.

Ce dernier devra alors utiliser au maximum sa dernière « arme », en l’occurrence ses réserves de changes. Si celles-ci ont déjà commencé à baisser, elles restent sur un niveau toujours très élevé de 3 060 milliards de dollars.

Les Réserves de changes chinoises repartent à la baisse.

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Sources : NBSC, ACDEFI

Lors de la crise de 2015, la Chine avait ainsi utilisé 1 000 milliards de dollars pour relancer la machine avec succès.

Les 3 000 milliards de dollars encore à disposition conférent donc à la Chine une marge de manœuvre considérable et pourrait même lui permettre de souffrir un peu moins que les autres grandes économies de la planète, qui n’ont malheureusement quasiment plus de cartouches pour relancer leur économie après la crise.

C’est là un autre drame de cette pandémie : elle vient de Chine, mais c’est cette dernière qui pourrait en pâtir le moins. Sauf si une prise de conscience internationale s’impose pour boycotter l’Empire du milieu, tant que ce dernier ne respectera pas un minimum de règles démocratiques et sanitaires.

A suivre…

Marc Touati