La Chine plonge dans la récession, entraînant le monde dans son sillage.

Même si une forte baisse des indices Caixin des directeurs d’achat chinois en février était attendue, celle qui a finalement été publiée est effrayante. Et pour cause : ces indices ont plongé à 40,3 dans l’industrie et 26,5 dans les services, des niveaux historiquement bas.

Rappelons, pour ceux qui l’auraient oublié, que les indices des directeurs d’achat obéissent à une règle simple : au-dessus de la barre des 50, l’activité est en croissance, en deçà, elle est en recul.

Avec les niveaux atteints en février et qui risquent malheureusement de se confirmer en mars, même si un rebond technique reste probable pour avril, il est désormais clair que le PIB chinois va fortement baisser au premier trimestre.

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EconomicWorld090320

Comme le montre le graphique ci-dessous, son glissement annuel pourrait même tomber vers les 2 %.

Indices PMI en Chine : Scary graphic.

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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI

Dès lors, même si un effet de rattrapage se produit par la suite, la croissance annuelle du PIB chinois sur l’ensemble de l’année 2020 aura du mal à dépasser les 3,5 %.

Dans ce cadre, dans la mesure où la récession sera également d’actualité dans de nombreux pays à travers la planète, la croissance mondiale devrait avoisiner 1,6 % cette année, un plus bas depuis 2009.

D’ores et déjà, les indicateurs des directeurs d’achat dans le monde ont confirmé que ce dernier était bien entré en phase de repli et certainement de récession.

L’indice PMI dans l’industrie mondiale a ainsi plongé à 47,2, un plancher depuis mai 2009.

Comme le montre le tableau ci-après, 33 pays sont déjà en récession industrielle ou sur le point d’y tomber.

L’industrie mondiale au plus bas depuis mai 2009.

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Sources : Markit, ACDEFI

Encore plus inquiétant, jusqu’à présent, la récession industrielle était en partie compensée par la résistance de l’activité dans les services. Depuis février, tel n’est plus le cas. A tel point que l’indice PMI composite « Monde » est tombé à 46,1, un plancher depuis octobre 2001.

Autrement dit, en espérant évidemment qu’un rebond se produira à moyen terme, il faut reconnaître qu’à l’heure actuelle, l’économie mondiale est dans une situation analogue à celles qui prévalaient lors de la crise de 2008-2009 et qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001.

En outre, n’oublions pas que de nombreuses enquêtes PMI ont été menées avant l’arrivée de l’épidémie en Italie et en Europe. C’est dire ce qui nous attend au cours des prochains mois…

L’industrie de la zone euro reste en récession.

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Sources : Markit, ACDEFI

Mais, avant même cette triste perspective, il faut souligner que les indices PMI tant au Japon qu’aux Etats-Unis ont fortement baissé en février.

Au Japon, les indices Jibun Bank PMI sont ainsi tombés à 47,8 dans l’industrie et 46,8 dans les services. Après la chute de 1,6 % du PIB japonais au quatrième trimestre 2019, le début 2020 devrait donc confirmer le retour de la récession dans l’Archipel.

Le Japon est bien déjà retombé en récession.

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Sources : BoJ, Markit, ACDEFI

Aux Etats-Unis, la situation est également préoccupante, dans la mesure où les indices Markit sont tombés à 50,7 dans l’industrie, 49,4 dans les services et 49,6 pour l’indice composite. De quoi anticiper une stagnation du PIB américain dès le premier trimestre 2020.

Vers une stagnation du PIB américain dès le premier trimestre 2020.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

Anticipant cette inflexion, la Réserve fédérale américaine a décidé d’agir massivement, en abaissant son taux objectif des federal funds de 50 points de base à 1,25 %. Et ce, en dehors de sa réunion de politique monétaire, ce qui n’était plus arrivé depuis la faillite de Lehman Brothers.

La Fed surréagit, mais inquiète…

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Sources : BEA, Federal Reserve, ACDEFI

Cette décision n’a d’ailleurs pas permis de calmer les craintes des marchés. Pour trois raisons essentielles. Primo, elle montre que la Fed panique, ce qui laisse entendre que la situation serait peut-être pire qu’elle n’y paraît.

Secundo, la Fed gâche une de ses rares cartouches, qu’elle ne pourra donc pas utiliser lorsque la croissance baissera fortement. Comme cela s’observe depuis plusieurs mois, la Fed semble donc faire passer l’humeur des marchés avant toute autre considération, maintenant par là même une bulle qui a commencé à se dégonfler fortement.

Tertio, pour toutes ces raisons et aussi parce que la décision de la Fed est intervenue juste un jour après la demande courroucée de Donald Trump sur Twitter, Jerome Powell ne gagne pas en crédibilité.

A côté de ces mauvaises nouvelles, une bonne surprise est cependant venue marquer cette semaine. En effet, dans un contexte économique plus que difficile, un pays a réussi à tirer son épingle du jeu, en l’occurrence l’Inde.

Ainsi, en dépit d’une petite baisse corrective, l’indice Nikkei PMI de l’industrie indienne a atteint 54,5 en février. Quant à son homologue dans les services, il a bondi de 2 points à 57,5, retrouvant son sommet historique de janvier 2013.

Regain d’activité en Inde : le malheur des uns fait le bonheur des autres…

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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI

Ce rebond s’explique principalement par un mouvement de délocalisation de certaines activités de la Chine vers l’Inde. Pour autant, ne rêvons pas, il risque d’être suffisant pour permettre à l’économie mondiale d’éviter la récession.

Marc Touati