La croissance mondiale continue de ralentir…

A l’instar de l’insouciance ou plutôt de l’inconscience des investisseurs et des observateurs économiques à l’égard de la flambée de la dette publique française, ceux-ci continuent également de nier l’évidence sur le front de la croissance mondiale.

Pourtant, il suffit d’observer les dernières enquêtes des directeurs d’achat à travers le monde pour comprendre que l’économie internationale continue de ralentir dangereusement.

Ainsi, on recense aujourd’hui, 35 pays en récession industrielle ou proches d’y entrer.

Dans le même temps, si l’activité dans les services continuent de résister, elle n’est plus suffisamment dynamique pour compenser l’atonie industrielle et permettre le retour d’une croissance soutenue.

En décembre, seul un pays a tiré son épingle du jeu. En l’occurrence l’Inde. En effet, après une forte baisse au cours des trois mois précédents, ses indices Nikkei PMI sont remontés à 52,7 dans l’industrie et 53,3 dans les services, des plus hauts depuis respectivement mai 2019 et juillet 2019.

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L’économie indienne semble se redresser, mais demeure néanmoins très fragile.

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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI

Comme le montre le graphique ci-dessus, ces indicateurs sont néanmoins extrêmement volatils et ne permettent pas de tirer des conclusions hâtives sur l’évolution du glissement annuel du PIB indien, qui est d’ailleurs tombé à 4,7 % au troisième trimestre 2019, un plancher depuis 2012.

Autre pays émergent en difficulté, le Brésil connaît de nouveau un net ralentissement de son économie. C’est du moins ce qu’indique l’évolution récente des indicateurs Markit des directeurs d’achat. Dans l’industrie : l’indice PMI est ainsi passé de 52,9 en novembre à 50,2 en décembre, un plus bas depuis juillet 2019.

Dans les services, l’indice PMI a connu une quasi-stabilisation à 51,0 (50,9 en novembre), mais contre encore 52,2 en juillet dernier.

La croissance brésilienne souffre encore et toujours.

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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI

Pour ne rien arranger, après un beau rebond en octobre-novembre, les indices Caixin PMI des directeurs d’achat chinois sont repartis à la baisse en décembre. Avec des niveaux de 51,5 dans l’industrie et 52,5 dans les services, ils montrent que le ralentissement chinois va durer.

Le ralentissement chinois va durer.

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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI

Même s’il est habitué à la croissance molle, le Japon souffre de plus en plus. En décembre, ses indices Jibun Bank des directeurs d’achat sont ainsi tombés à 48,4 dans l’industrie et 49,4 dans les services.

Conséquence logique de ces déconvenues, l’indice PMI « composite » a chuté à 48,6, un plancher depuis avril 2014, à une époque où le glissement annuel du PIB japonais oscillait entre 0 et – 1 %.

La Japon de nouveau menacé par la récession.

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Sources : BoJ, Jibun Bank, ACDEFI

Juste devant le Japon, mais de peu, la zone euro reste abonnée à la croissance molle.

La zone euro toujours abonnée à la croissance molle.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

En effet, en dépit d’un léger mieux dans les services, l’industrie plonge de plus en plus bas, confirmant la baisse à venir de la croissance globale vers le zéro pointé.

Comme cela s’observe depuis la mi-2018, l’économie de la zone euro reste fortement plombée par la faiblesse de l’activité en Italie et en Allemagne.

Italie : vers une nouvelle récession en 2020 ?

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Chez nos voisins transalpins, les niveaux des indicateurs des directeurs d’achat indiquent même qu’une nouvelle récession pourra se produire sur le premier semestre 2020.

L’Allemagne toujours menacée par la baisse du PIB.

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

Outre-Rhin, la situation est à peine plus enviable puisqu’en dépit d’un léger mieux dans les services, la récession industrielle continue de plomber l’économie allemande dans son ensemble.

La croissance française va bien reculer vers 0,5 % dès le premier trimestre 2020.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’économie française continue de résister, malgré les grèves. Mais ne rêvons pas : l’industrie se rapproche de la baisse de l’activité et les services ralentissement également.

L’indice INSEE de confiance des ménages subit sa plus forte baisse mensuelle depuis les « gilets jaunes ».

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Sources : INSEE, ACDEFI

Pour ne rien arranger, l’indice INSEE de confiance des ménages a fortement reculé en décembre, passant de 105 à 102. Il s’agit de sa plus forte baisse mensuelle depuis décembre 2018 et l’exacerbation du mouvement des « gilets jaunes ».

Ce « coup de blues » tombe évidemment particulièrement mal, en pleine période de « soldes » qui s’annoncent donc particulièrement moroses.

De quoi confirmer à ceux qui pensent que les grèves n’auront que très peu d’impact sur l’activité économique française qu’ils se trompent.

Finalement, comme cela s’observe depuis trois ans, la seule grande économie développée qui continue de surprendre par sa résistance demeure celle des Etats-Unis.

La croissance américaine résiste mais avoisinera bien 1,5 % en moyenne en 2020.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

Mais, là aussi, ne rêvons pas : la croissance américaine va également ralentir en 2020, précisément vers 1,5 % en moyenne annuelle, ce qui sera évidemment hautement insuffisant pour permettre à la croissance mondiale de dépasser les 2,4 % cette année.

Marc Touati