Zone euro, Allemagne, France : quelques espoirs, mais encore beaucoup de doutes.

D’un point de vue statistique, la semaine dernière a réservé quelques surprises, des bonnes et des moins agréables. En ce qui concernent les bonnes, il faut reconnaître que ce serait presque à en perdre son latin.

En effet, pendant que les indicateurs des directeurs d’achat restent faiblards, les indices Sentix et ZEW ont fortement progressé en décembre tant dans la zone euro qu’en Allemagne.

Ainsi, après être tombé à – 16,8 en octobre dernier, un plancher depuis avril 2013, l’indice Sentix de confiance des investisseurs dans la zone euro a rebondi à – 4,5 en novembre et + 0,7 en décembre, un plus haut depuis mai 2019.

Comme le montre le graphique ci-dessous, il n’y a cependant pas de quoi s’enflammer, dans la mesure où ce niveau reste en phase avec une croissance de la zone euro proche de 0 %.

Voici le fichier pdf :

EconomicWorld161219

Zone euro : l’indice Sentix remonte mais reste en phase avec une croissance nulle.

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Sources : Eurostat, Sentix, ACDEFI

Un son de cloche identique ressort de l’évolution de l’indice ZEW dans la zone euro.

En effet, après être tombé à – 43,6 en août dernier, qui était tout de même un point bas depuis décembre 2011, l’indice ZEW de sentiment économique dans la zone euro est remonté à + 11,2 en décembre 2019. Il atteint ainsi un plus haut depuis mars 2018.

S’il s’agit évidemment d’une bonne nouvelle, sa corrélation avec le glissement annuel du PIB de la zone euro montre néanmoins que ce dernier reste sur la voie d’un recul vers la nullité pour la fin 2019 ou le début 2020 au plus tard.

La remontée de l’indice ZEW dans la zone euro fait plaisir mais appelle encore à la prudence.

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Sources : Eurostat, ZEW, ACDEFI

Une perspective similaire ressort de l’enquête ZEW de décembre en Allemagne. L’indice ZEW de sentiment économique a effectivement bondi à + 10,7, contre encore – 44,1 en août dernier, mais l’indice ZEW relatif à la situation présente est resté dans la zone rouge à – 19,9.

La croissance allemande demeure fragile.

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Sources : Destatis, ZEW, ACDEFI

Autrement dit, comme le montre le graphique ci-dessus, la croissance allemande demeurera aussi proche de 0 %.

D’ailleurs, corroborant le caractère mi-figue mi-raisin des enquêtes Sentix et ZEW, les statistiques de la production industrielle d’octobre ont été décevantes.

Ainsi, dans la zone euro, celle-ci a reculé de 0,5 %, après avoir déjà régressé de 0,1 % en septembre. Son glissement annuel retombe désormais à – 2,2 % et confirme que la croissance du PIB devrait bien avoisiner 0 % au quatrième trimestre 2019.

Zone euro : la production industrielle reste dans le rouge, confirmant une croissance du PIB proche de 0 % au quatrième trimestre 2019.

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Sources : Eurostat, ACDEFI

En Allemagne, la sanction est encore plus sévère, puisqu’après avoir déjà baissé de 0,6 % en septembre, la production industrielle y a chuté de 1,7 % sur le seul mois d’octobre.

Le glissement annuel de la production industrielle allemande à un plancher depuis novembre 2009.

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Sources : Destatis, ACDEFI

Pour le douzième mois consécutif, la production industrielle allemande affiche ainsi un glissement annuel négatif. Pire, ce dernier a perdu 1 point en un mois, tombant à – 5,3 %, un plus bas depuis novembre 2009 !

Face à cette dégringolade, l’évolution de la production industrielle française fait presque figure de bonne performance, puisque son glissement annuel n’est « que » de – 0,2 % en octobre.

La production industrielle française résiste mais demeure très fragile.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Pour autant, il n’est malheureusement pas possible de rêver : compte tenu des blocages de décembre, une forte déconvenue est désormais inévitable. A tel point qu’une baisse du PIB français semble possible pour le quatrième trimestre 2019.

 

Marc Touati