Les Etats-Unis ralentissent, les pays émergents souffrent, le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni décrochent.

Les enquêtes des directeurs d’achat de mai ont toutes été publiées et quatre grands enseignements peuvent en être tirés. 1. L’industrie mondiale reste en récession. 2. L’économie américaine ralentit significativement. 3. Le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni décrochent. 4. Les pays émergents souffrent de plus en plus.

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L’industrie mondiale s’enfonce de plus en plus.

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Sources : Markit, ACDEFI

Ainsi, pour commencer et comme le montre le tableau précédent, en octobre, l’indice « Monde » des directeurs d’achat dans l’industrie est resté sous la barre des 50 pour le sixième mois consécutif. Avec un niveau de 49,8, il a certes augmenté de 0,1 point par rapport à septembre, mais confirme surtout que l’industrie mondiale est bien ancrée dans sa plus grave récession depuis 2009.

Le plus inquiétant est que ce marasme industriel se veut de plus en plus profond et s’impose dans de plus en plus de pays. 36 pays + la zone euro dans son ensemble sont actuellement en récession industrielle ou proches d’y entrer. Citons notamment, par ordre croissant de régression de l’activité industrielle : l’Afrique du Sud, la Suisse, la Turquie, le Japon, le Royaume-Uni, l’Italie, la Russie, mais aussi l’Espagne, la Pologne, l’Autriche, l’Allemagne ou encore Singapour et Hong-Kong, qui décroche la palme de la plus grave récession.

Zone euro : la récession industrielle continue.

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Sources : Markit, ACDEFI

 

Dans la zone euro, à l’exception notable de la Grèce, qui commence néanmoins à ralentir, tous les pays sont soit en récession industrielle, soit sur le point d’y entrer. Y compris les anciens champions de la croissance d’hier, en l’occurrence l’Autriche, l’Espagne et même les Pays-Bas ou encore l’Irlande.

Et même si l’activité dans les services s’est légèrement améliorée en octobre dans la plupart des pays de la zone euro, l’indice Markit PMI « composite » est demeuré très faible, à 50,6 précisément.

Il montre ainsi que le glissement annuel du PIB de l’UEM est condamné à avoisiner le 0 %, voire passer en deçà d’ici la fin 2019 ou au plus tard au début 2020.

Zone euro : la croissance zéro c’est pour demain.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

A côté de cette contre-performance inévitable, l’économie américaine continue de résister mais ralentit également significativement.

En effet, après avoir réalisé l’exploit de nettement rebondir en fin de cycle et de connaître par là même le cycle le plus long de son histoire, l’économie américaine décélère nettement et tout à fait logiquement. En septembre-octobre, les indicateurs Markit des directeurs d’achat ont été mauvais, en particulier dans les services.

Les indicateurs des directeurs d’achat annoncent un net ralentissement de la croissance américaine.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

Ils sont ainsi tombés à 51,3 dans l’industrie et 50,6 dans les services. S’il ne faut pas encore paniquer, cette double sanction confirme qu’après avoir reculé à 2 % au troisième trimestre 2019, le glissement annuel du PIB américain va rapidement baisser entre 1 % et 1,5 %, ce qui restera néanmoins nettement supérieur aux résultats observés dans la zone euro et bien sûr au Japon.

En effet, dans l’Archipel nippon, après un rebond de croissance aussi technique que surprenant au premier semestre 2019, l’indice Jibun Bank des directeurs d’achat dans l’industrie est retombé sous la barre des 50 depuis le mois de mai. Avec un niveau de 48,4 en octobre, il indique que le glissement annuel du PIB japonais devrait rapidement revenir vers 0 %. Et ce d’autant que l’indice PMI « services » est également passé sous la barre des 50 en octobre, à précisément 49,7.

Après un rebond technique au premier semestre 2019, la croissance nippone repart déjà en zone rouge.

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Sources : BoJ, Jibun Bank, ACDEFI

La sanction devrait être au moins aussi sévère en Allemagne et au Royaume-Uni.

Allemagne : la récession est inévitable.

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

Avec des indices Markit des directeurs d’achat en octobre de 42,1 dans l’industrie, 51,6 dans les services et 48,9 pour l’ensemble des secteurs, il est clair que le glissement annuel du PIB allemand va tomber en territoire négatif au moins jusqu’au début 2020.

Avant même la publication des comptes nationaux du troisième trimestre le 14 novembre prochain, les statistiques de la production industrielle allemande ont déjà été cinglantes, puisque cette dernière a enregistré son cinquième trimestre consécutif de baisse.

La production industrielle allemande régresse pour le cinquième trimestre consécutif.

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Sources : Destatis, ACDEFI

Empêtré dans les atermoiements sans fin du Brexit, le Royaume-Uni continue également de souffrir. Ainsi, en octobre, les indices Markit PMI ont atteint 48,0 dans l’industrie, 44,2 dans la construction et 50,0 dans les services. De quoi confirmer l’entrée de l’économie britannique en récession.

 

L’économie britannique continue de souffrir.

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Sources : ONS, Markit, ACDEFI

Enfin, du côté des pays émergents, la situation reste mi-figue mi-raisin. Certes, la Chine continue de bien résister. Cependant, avec des indices Caixin des directeurs d’achat de 51,7 dans l’industrie et 51,1 dans les services, il n’y a pas de quoi s’emballer. Après être tombé à 6 % au troisième trimestre 2019, le glissement annuel devrait se stabiliser autour de ce niveau fin 2019 et certainement reculer en-deçà en 2020.

La croissance chinoise se stabilise autour des 6 %.

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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI

La situation de l’économie indienne est bien plus inquiétante puisque les indices Nikkei PMI atteignent 50,6 dans l’industrie et 49,2 dans les services.

 

Le ralentissement indien va s’intensifier.

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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI

De quoi montrer que la décélération déjà bien entamée depuis la mi-2018 va se poursuivre et s’intensifier. Une telle évolution sera d’ailleurs également observable pour l’ensemble de l’économie mondiale.

Marc Touati