Le ralentissement chinois s’accentue, entraînant l’ensemble de la planète dans son sillage.

Même si nous nous y attendions, le ralentissement des économies « émergentes » commence à devenir inquiétant. A commencer par celui de la locomotive du monde dit « émergent » mais aussi de l’économie planétaire, en l’occurrence la Chine.

Certes, en septembre, les statistiques de production industrielle et de ventes au détail de l’Empire du Milieu ont fait état d’un rebond appréciable. Leurs glissements annuels respectifs ont ainsi atteint 5,8 % et 7,8 %, contre 4,4 % et 7,5 % le mois précédent.

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EconomicWorld221019

Chine : la production industrielle et les ventes au détail rebondissent en septembre.

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Sources : NBSC, ACDEFI

Pour autant, comme le montre le graphique ci-dessus, les niveaux atteints en septembre demeurent bas et très loin de ceux qui prévalaient encore au début 2019, en l’occurrence 8,5 % pour la production industrielle et 9,8 % pour les ventes au détail.

A fortiori, ils sont encore plus éloignés des performances de 2010, respectivement 18 % et 22 %.

Autrement dit, l’économie chinoise continue de résister, mais ne parvient plus à renouer avec le fort dynamisme économique.

C’est d’ailleurs ce que confirme l’évolution du PIB chinois. En effet, sur l’ensemble du troisième trimestre 2019, le PIB chinois a poursuivi son ralentissement, affichant un glissement annuel de 6,0 %, contre 6,2 % le trimestre précédent et encore 6,8 % au premier trimestre 2018.

Comme nous l’annoncions dans nos prévisions, la croissance chinoise tombe ainsi à un plancher depuis le quatrième trimestre 1999. Pour retrouver un niveau plus bas, il faut même remonter à 1992.

La croissance chinoise tombe à 6 % et celle de l’Inde à 5 %.

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Sources : NBSC, Mospi, ACDEFI

Dans le même temps, si les prix à la production restent en déflation, les prix à la consommation augmentent de plus en plus fort. Avec un niveau de 3 % en septembre 2019, l’inflation chinoise atteint un plus haut depuis novembre 2013. Il n’y a évidemment pas péril en la demeure. Néanmoins, si le pouvoir d’achat des ménages chinois continue de pâtir d’une trop forte inflation, la consommation risque encore de ralentir au cours des prochains trimestres.

Chine : l’inflation monte pour les ménages, mais la déflation s’impose pour les prix à la production.

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Sources : NBSC, ACDEFI

De quoi confirmer que l’économie chinoise ne peut faire des miracles éternellement.

Tout comme l’économie indienne d’ailleurs, qui affiche un glissement annuel du PIB de 5,1 % au deuxième trimestre, contre 5,8 % au trimestre précédent et encore 7,9 % un an plus tôt.

Les derniers indicateurs avancés montrent que cette décélération devrait se poursuivre sur l’ensemble du second semestre 2019.

Accompagnant ces décélérations économiques, les taux de change connaissent également des évolutions heurtées et baissières.

Le renminbi se rapproche des 7,2 yuans pour un dollar.

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Sources : NBSC, ACDEFI

Après avoir déjà fortement chuté depuis la fin 2018, le renminbi revient ainsi « flirter » avec les 7,20 yuans pour un dollar, contre par exemple 6,20 début 2018.

72 roupies indiennes pour un dollar.

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Sources : Mospi, ACDEFI

De même, après une légère appréciation au premier trimestre 2019, la roupie indienne est repartie à la baisse, se stabilisant autour des 72 pour un dollar, contre un niveau de 65 au printemps 2018 et de 45 en 2010-2011.

La troisième économie émergente de la planète, en l’occurrence le Brésil, s’inscrit encore bien plus bas sur l’échelle du dynamisme économique, puisque son PIB a reculé de 0,1 % au premier trimestre 2019 et augmenté de seulement 0,4 % au cours du trimestre suivant. Le real est ainsi reparti à la baisse, avoisinant les 4,20 pour un dollar.

Le real brésilien rechute dangereusement.

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Sources : OCDE, ACDEFI

Mais cette déconvenue apparaît bien limitée au regard de l’effondrement de la deuxième économie d’Amérique Latine, à savoir l’Argentine, dont le PIB a plongé de 6,8 % au cours des six derniers trimestres.

L’Argentine s’enfonce dans une grave récession, déjà entamée depuis 6 trimestres.

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Sources : OCDE, ACDEFI

Conséquence logique de cette nouvelle « descente aux enfers », la devise argentine oscille autour des 60 pesos pour un dollar. Faut-il rappeler qu’un dollar valait 10 pesos en 2015 et 1 peso en 2001 ?!

De quoi rappeler, s’il en était nécessaire, que les devises des pays émergents sont à manier avec une extrême précaution…

En conclusion, il ne sert à rien de se voiler la face : ne pouvant plus compter sur un dynamisme massif de ses habituelles locomotives « émergentes », la croissance mondiale est vouée à poursuivre le ralentissement qu’elle a déjà commencé en 2018.

Autrement dit, même si nous maintenons nos prévisions de croissance du PIB international de 2,8 % pour 2019 et 2,5 % en 2020, il faut bien comprendre qu’il s’agit là de prévisions optimistes…

Marc Touati