Economie mondiale : La décélération s’aggrave et se généralise.

Encore une semaine difficile pour la conjoncture internationale. Et pour cause : en juillet, l’indice « Monde » des directeurs d’achat dans l’industrie a encore perdu 0,1 point.

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EconomicWorld120819

L’industrie mondiale s’enfonce de plus en plus.

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Sources : Markit, ACDEFI

Avec un niveau de 49,3, il atteint un nouveau plus bas depuis octobre 2012 et confirme surtout que l’industrie mondiale est bien en récession.

Le plus inquiétant est que ce marasme industriel se veut de plus en plus profond et s’impose dans de plus en plus de pays. Et ce, en particulier dans les principales industries de la planète. Citons notamment, par ordre croissant de régression de l’activité industrielle, le Brésil, la Chine, la France, le Japon, la Russie, le Royaume-Uni, la Pologne, la Corée du Sud, la Turquie, la Suisse et bien sûr l’Allemagne.

L’industrie allemande a d’ailleurs déjà subi quatre trimestres consécutifs de baisse de sa production industrielle. En juin, le glissement annuel de cette dernière a continué se dégringolade, pour atteindre – 5,2 %, un plus bas depuis novembre 2009.

Allemagne : le glissement annuel de la production industrielle tombe à – 5,2 %, un plus bas depuis novembre 2009.

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Sources : Destatis, ACDEFI

Depuis mai 2018, la production industrielle allemande a même chuté de 5,9 %. Là aussi du jamais vu depuis la grave récession de 2009.

Si jusqu’à présent, l’industrie française a réussi tant bien que mal à tirer son épingle du jeu et à moins souffrir que son homologue allemande, l’heure est malheureusement à la reconnexion.

En juin, la production manufacturière de la France a ainsi chuté de 2,2 %. Après avoir artificiellement rebondi à 3,3 % en mai, son glissement annuel est retombé en territoire négatif, à – 0,6 % précisément, un plus bas depuis décembre 2018 qui montre que le petit sursaut de ce printemps est déjà terminé.

Le pire est que cette décrue devrait s’accentuer dans les prochains mois, comme le montre la baisse de l’indice Markit PMI dans l’industrie française à 49,7 en juillet.

France : la production manufacturière rechute fortement.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Et si l’activité dans les services compense en partie cette apathie industrielle dans la plupart des pays de l’UEM, il ne faut pas rêver : la croissance va encore reculer en Allemagne, en France et dans l’ensemble de la zone euro.

D’ailleurs, à côté de la baisse des indicateurs des directeurs d’achat et des indices ZEW, l’indice Sentix de confiance des investisseurs dans l’UEM a plongé de 7,9 points en août.

Avec un niveau de – 13,5, il retrouve quasiment son plus bas d’octobre 2014 (à – 13,7 précisément), qui était lui-même un plancher depuis mai 2013.

Zone euro : l’indice Sentix de confiance des investisseurs s’effondre de plus en plus bas.

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Sources : Eurostat, Sentix, ACDEFI

Une fois encore, l’économie de la zone euro se déconnecte de celle des Etats-Unis qui, certes, ralentit, mais continue de bien résister. Avec un taux de chômage de 3,7 %, un indice Markit « composite » à 52,6 et un indice de confiance des ménages proche de ses sommets de l’automne 2000, la croissance américaine devrait continuer de rester appréciable, en dépit d’un inévitable ralentissement.

Etats-Unis : l’activité stagne dans l’industrie et rebondit dans les services.

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Sources : BEA, ACDEFI

Quant à l’économie chinoise, force est de constater que ses indicateurs avancés sont de moins en moins bons. L’indice Caixin dans l’industrie reste sous la barre des 50, à 49,9 précisément et son homologue dans les services tombe à 51,6. Rien de dramatique, mais suffisamment mauvais pour annoncer la poursuite de la baisse de la croissance chinoise vers 6 %.

Chine : l’activité continue de reculer dans l’industrie et de ralentir fortement dans les services.

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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI

Anticipant ce mouvement, le yuan s’est fortement déprécié, tombant à 7,06 yuans pour un dollar, du jamais vu depuis mars 2008. Même si les Chinois s’en défendent, il est clair que le contrôle des changes leur permet de piloter leur devise et de compenser ainsi en partie les conséquences négatives de l’augmentation des barrières douanières sur les produits chinois.

Le yuan au plus bas depuis mars 2008…

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Sources : NBSC, ACDEFI

C’est d’ailleurs notamment grâce à cette maîtrise que l’excédent commercial de l’Empire du Milieu continue de résister. Sur les douze derniers mois, il a ainsi regagné du terrain, atteignant 422,9 milliards de dollars. C’est certes mieux que les 356 milliards de dollars de février dernier, mais toujours beaucoup moins que les plafonds supérieurs à 600 milliards de dollars qui prévalaient de décembre 2015 à août 2016.

Brésil : l’industrie replonge en récession, mais les services rebondissent.

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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI

Dans ce contexte difficile, il faut tout de même signaler deux bonnes nouvelles en provenance du monde émergent. La première est relative à l’économie brésilienne qui a bénéficié d’une belle remontée de son activité dans les services, susceptible de compenser la récession industrielle.

La deuxième provient de l’économie indienne qui a surpris en juillet par le net rebond de ses indicateurs Nikkei des directeurs d’achat tant dans l’industrie que dans les services.

Inde : l’activité rebondit fortement tant dans l’industrie que dans les services.

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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI

Avec un niveau de 53,8 dans les services, il atteint même un plus haut depuis octobre 2016. Malheureusement, les nouvelles tensions avec le Cachemire et le Pakistan risquent d’inverser la tendance.

Au total, nous avons beau chercher des sources de réjouissance, il faut être honnêtes : tous les indicateurs récents confortent notre prévision d’une croissance mondiale d’au mieux 2,8 % cette année et 2,5 % en 2020.

Marc Touati