Zone euro, Allemagne, France, Etats-Unis : Vers des lendemains qui déchantent…

Quasiment passée inaperçue au cours de la semaine écoulée, c’est pourtant une nouvelle capitale pour le proche avenir de la croissance en Allemagne et dans l’ensemble de la zone euro : en juillet, l’indice IFO des perspectives d’activité outre-Rhin a atteint un plus bas depuis juillet 2009.

Au cours des douze derniers mois, cet indicateur avancé de l’économie allemande a chuté de 9 points. Depuis son précédent point haut de novembre 2017, il s’est effondré de 11,7 points.

Pour retrouver un plongeon aussi dramatique, il faut remonter au second semestre 2008 qui annonçait la plus grave récession de l’économie allemande depuis l’après-seconde guerre mondiale.

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L’indice IFO des perspectives d’activité au plus bas depuis juillet 2009.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

D’ailleurs, comme le montre le graphique ci-dessus, ces évolutions pourraient signifier un effondrement imminent du glissement annuel du PIB allemand en deçà de – 1 %.

Une triste perspective qui est également corroborée par l’indice IFO du climat des affaires, qui a régressé de 1,8 point sur le seul mois de juillet.

Depuis son précédent point haut de novembre 2017, il accuse une chute de 9,5 points et atteint désormais un plancher depuis avril 2013, c’est-à-dire une période où le glissement annuel du PIB allemand « flirtait » avec – 1 %.

Dans la mesure où l’économie germanique représente plus de 30 % de celle de la zone euro, il y a donc bien de quoi s’inquiéter sur l’avenir de la croissance eurolandaise.

Vers une forte rechute du PIB allemand au cours des prochains trimestres.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

Et ce d’autant que les enquêtes des directeurs d’achat ont aussi été de bien mauvaise facture en juillet.

Allemagne : l’effondrement de l’industrie devient dramatique et les services ne parviennent plus à sauver les meubles.

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

En Allemagne, l’indice Markit PMI dans l’industrie a ainsi continué sa « descente aux enfers », perdant encore 1,9 point sur le seul mois de juillet et tombant par là même à un niveau abyssal de 43,1. Du jamais vu depuis le point bas de juillet 2012 (à 43,0 précisément), qui était lui-même un plancher depuis juin 2009.

Le pire est que si jusqu’à présent l’indice PMI dans les services faisait preuve d’une résistance à toute épreuve, permettant de corriger en partie le marasme industriel, il commence lui-aussi à pâtir de ce dernier.

A tel point que l’indice Markit « composite » des directeurs d’achat allemands est tombé à 51,4 en juillet, un plancher depuis juillet 2013. Conséquence logique de ces évolutions dangereuses, les indices Markit PMI ont aussi souffert en juillet pour l’ensemble de la zone euro.

Zone euro : l’industrie s’effondre encore et les services ralentissent de nouveau.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Dans l’UEM, l’indice PMI « industrie » a ainsi perdu 1,2 point en juillet, portant à 14,2 points son effondrement depuis son précédent point haut de décembre 2017. Quant à son homologue dans les services, il demeure certes nettement au-dessus de la barre des 50, sans pour autant atteindre des niveaux exceptionnels, puisqu’il a reculé à 53,3 en juillet.

Synthèse de ces variations, l’indice Markit PMI « composite » de la zone euro a perdu 0,7 point en juillet. A 51,5, il retrouve ainsi son niveau d’avril dernier et confirme par là même que le glissement annuel du PIB eurolandais est bien parti pour avoisiner le zéro pointé d’ici le troisième trimestre 2019.

Vers un glissement annuel du PIB eurolandais de 0 % d’ici le troisième trimestre 2019.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Et malheureusement, ce n’est pas l’économie française qui va permettre d’éviter cette sombre perspective.

Et pour cause : en juillet, l’indice Markit PMI « industrie » est retombé à 50,0 et celui relatif aux services à 52,2.

De quoi confirmer qu’en dépit des apparences et des discours bien-pensants, le glissement annuel du PIB français rechutera inévitablement sous 1 % au cours des prochains trimestres.

France : les directeurs d’achat de nouveau en proie au doute…

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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI

Une prévision qui est également confirmée par l’évolution des indices INSEE du climat des affaires en juillet.

Industrie française : l’indice INSEE du climat des affaires au plus bas depuis juin 2015.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Dans l’industrie, l’indice INSEE a ainsi perdu 1 point en juillet, tombant à 100,7, soit tout juste au-dessus de sa moyenne de long terme. En atteignant par là même un point bas depuis juin 2015, il montre que l’industrie française continuera de souffrir au cours des prochains trimestres.

Parallèlement, après un sursaut au premier semestre 2019, l’indice INSEE du climat des affaires de l’ensemble des secteurs d’activité est reparti à la baisse en juillet, perdant 1,3 point.

France : l’indice INSEE du climat des affaires repart à la baisse en juillet.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Il confirme ainsi que la croissance de l’économie française est bien sur la voie de la décélération notable.

Dans ce contexte franco-germano-eurolandais difficile, une piètre consolation est venue d’outre-Atlantique. En effet, après deux ans de fort rebond, la croissance américaine est bien sur le point de ralentir nettement.

Et ce principalement à cause de l’activité industrielle de l’Oncle Sam. En effet, en juillet, l’indice Markit PMI des directeurs d’achat de l’industrie américaine est tombé à 50,0, un plancher depuis juillet 2009.

Autrement dit, qu’il s’agisse de l’industrie allemande ou de celle des Etats-Unis, la situation n’a jamais été aussi mauvaise depuis la dernière grave récession de 2008-2009.

Etats-Unis : l’industrie au plus bas depuis juillet 2009, mais les services permettent de limiter les dégâts.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

Certes, et fort heureusement pour l’économie de l’Oncle Sam, l’indice Markit « services » a rebondi de 0,7 point en juillet. Pour autant, il ne faut pas rêver : avec un niveau de 52,2 et un indice Markit « composite » de 51,6, la croissance américaine va forcément retomber entre 1,5 % et 2 % d’ici la fin de l’année 2019.

En attendant, essayons de profiter de l’été pour oublier ces tristes perspectives, mais seulement temporairement, car elles sauront très vite se rappeler à notre bon plaisir…

Marc Touati