Conjoncture mondiale : l’industrie continuent de plonger et les services résistent péniblement.

Même si nous y sommes habitués depuis quelques trimestres et que les marchés n’en ont cure, le plongeon de l’activité dans l’industrie mondiale commence vraiment à devenir inquiétant.

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L’industrie mondiale sombre dans la récession…

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Sources : Markit, ACDEFI

Ainsi, en juin, et pour le deuxième mois consécutif, l’indice PMI des directeurs d’achat de l’industrie internationale est resté sous la barre des 50. Il a même continué de régresser, perdant 0,4 point, à 49,4 précisément.

Il s’agit là d’un plus bas depuis octobre 2012 et qui confirme que l’industrie mondiale est bien en train de sombrer dans la récession.

A l’exception notable de celle de l’Inde, toutes les industries des principales économies de la planète subissent un recul de l’activité ou une stagnation.

Les niveaux des indices PMI « industrie » parlent d’eux-mêmes : 45,0 pour l’Allemagne, 45,5 pour Taïwan, 47,7 en Suisse, 48,0 au Royaume-Uni, 49,2 au Canada, 49,3 au Japon, 49,4 en Chine et seulement 50,6 aux Etats-Unis.

Cette tendance à la récession industrielle est particulièrement prégnante dans la zone euro où les anciens champions de la croissance s’effondrent les uns après les autres : après l’Allemagne et l’Italie, c’est au tour de l’Autriche, de l’Espagne, mais aussi de l’Irlande de sombrer dans le recul de l’activité industrielle. Même les Pays-Bas s’en approchent dangereusement.

Et si, pour le moment, les industries de la Grèce et de la France semblent protégées, notamment grâce à un effet de correction de la faiblesse passée, elles ne tarderont malheureusement pas à suivre le mouvement.

L’industrie de la zone euro s’enfonce de plus en plus.

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Sources : Markit, ACDEFI

Quant aux Italiens, ils ont beau être de plus en plus eurosceptiques, cela n’a absolument pas changé leur rythme de « croissance ». Bien au contraire. En effet, l’activité économique de nos voisins transalpins est de plus en plus moribonde, si bien que leur croissance devrait se stabiliser durablement autour du zéro pointé, voire repasser en territoire négatif au cours des prochains trimestres.

Le glissement annuel du PIB italien pourrait redevenir négatif assez rapidement.

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Sources : INSEE, ACDEFI

S’il n’est évidemment pas dans la zone euro et ne sera bientôt plus dans l’Union européenne, le Royaume-Uni connaît cependant un sort similaire à celui de ses voisins.

En effet, en juin, les indices Markit des directeurs d’achat britanniques ont continué de chuter dangereusement. Et ce, dans tous les secteurs d’activité : 48,0 dans l’industrie (un plus bas depuis février 2013), 43,1 dans la construction et 50,2 dans les services.

Vers un fort ralentissement de la croissance britannique.

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Sources : ONS, Markit, ACDEFI

Autrement dit, si jusqu’à présente la « perfide Albion » a réussi à éviter le recul de l’activité, ce dernier paraît de plus en plus inéluctable.

Si les Etats-Unis en sont encore loin, il faut souligner qu’ils connaissent également un fort ralentissement de leur activité tant dans l’industrie que dans les services.

La croissance américaine s’apprête également à nettement ralentir.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

En Chine aussi, l’activité est en souffrance : en récession dans l’industrie et en net ralentissement dans les services. De quoi confirmer que la croissance chinoise pourrait rapidement atteindre les 6 % voire passer en deçà.

Chine : l’activité continue de régresser dans l’industrie et ralentit notablement dans les services.

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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI

Une perspective similaire se précise pour l’Inde, mais avec un rôle inversé pour l’industrie et les services, la première demeurant en croissance mais en ralentissement, tandis que les seconds replongent dans le recul de l’activité.

Toujours est-il qu’après être tombé à 6 % au premier trimestre 2019, le glissement annuel du PIB indien devrait se stabiliser autour de ce niveau sur l’ensemble de cette année.

Inde : les services plongent et l’industrie peine à résister.

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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI

Le Brésil aussi n’échappe pas à la règle : repli de l’activité dans les services et quasi-stagnation dans l’industrie, si bien que la croissance brésilienne devrait se stabiliser entre 0 et 1 %.

Vers une croissance brésilienne durablement comprise entre 0 et 1 %.

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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI

Au total, nous sommes confortés dans nos prévisions : la croissance mondiale va bien continuer de ralentir, pour passer sous les 3 %.

Si les marchés refusent toujours d’en intégrer les conséquences, préférant se focaliser sur l’opium monétaire et la baisse des taux obligataires, ils finiront forcément par se réveiller… avec une sacrée « gueule de bois ». Une bulle ça va, trois bulles, bonjour les dégâts…

Marc Touati