Bulles, krachs, re-bulles, re-krachs…

Rien de mieux que quelques graphiques pour illustrer les bulles, krachs, re-bulles et re-krachs qui ont jalonné l’évolution des marchés financiers, et en particulier boursiers, depuis trois ans. Certes, les bulles, les krachs, les crises font partie intégrante de la vie normale des marchés financiers. Ils sont même des phases d’opportunités pour ceux qui arrivent à prendre du recul et à ne pas tomber dans le mimétisme.

Voici le fichier pdf :

 EconomicWorld030619

Les bulles, krachs et crises font partie de la vie normale des marchés financiers.

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Sources : NYSE, Euronext, ACDEFI

Depuis 2000, trois grandes bulles ont ainsi marqué l’histoire des bourses occidentales : la bulle Internet, celle des subprimes et celle des années 2017-2018 qui n’a pas vraiment de nom, mais pourrait s’appeler « bulle du numérique ».

La bulle du numérique plus forte que la bulle Internet.

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Sources : Nasdaq, ACDEFI

C’est du moins ce qu’indique la flambée des GAFAM et plus globalement du Nasdaq.

Le drame est que cette dernière bulle est vraisemblablement plus extravagante que les précédentes, mais aussi plus résistantes.

Ainsi, après les deux mini-krachs de 2018 (en février et surtout à l’automne), elle s’est reformée dès le début 2019 pour certainement mieux se redégonfler au printemps-été 2019.

En zoomant sur les deux dernières années, les trois tempêtes boursières en quinze mois confirment bien que le Dow Jones et le Cac 40 sont bien passés du « bull » au « bear market ».

De 2017 à 2019 : du « bull » au « bear market »…

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Sources : NYSE, Euronext, ACDEFI

Comme je l’ai déjà évoqué dans ces mêmes colonnes et dans mon dernier livre « Un monde de bulles » (toujours en tête des ventes de sa catégorie sur Amazon.fr, j’en profite d’ailleurs pour vous remercier de votre fidélité), le qualificatif de « bulle » tient au fait que la valorisation des marchés boursiers va trop loin par rapport à la réalité économique.

Une bulle est effectivement un écart cumulatif et auto-entretenu entre la valeur financière d’un actif et sa valeur réelle.

Or, la valeur réelle des marchés boursiers provient de l’état des profits des entreprises cotées, qui émanent eux-mêmes de l’activité de ces dernières et par là même de la croissance économique.

Jusqu’à présent, nous avons ainsi régulièrement montrer le graphique ci-dessous qui représente le décalage qui s’observe depuis 2017 entre la flambée du Dow Jones et l’évolution de la croissance mondiale.

Autrement dit, pour justifier un Dow Jones à 24 000 points, il faudrait que la croissance mondiale atteigne 8 %. Ce qui est évidemment loin d’être le cas.

Pire, en 2019 et 2020, la croissance mondiale ralentira encore pour avoisiner les 2,8 %.

Le ralentissement de la croissance mondiale justifie le dégonflement imminent de la bulle boursière.

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Sources : FMI, NYSE, Prévisions ACDEFI

Bien entendu, il s’agit principalement là d’une corrélation graphique que nous avons utilisée principalement pour alerter sur l’importance et donc la dangerosité de la bulle boursière.

Pour affiner cette analyse, nous présentons ci-dessous un autre graphique qui confirme cette même extravagance, en représentant l’évolution comparée du Dow Jones et du PIB mondial en valeur en base 100 en 1997.

L’évolution du PIB mondial en valeur confirme également l’extravagance des valorisations boursières.

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Sources : FMI, NYSE, Calculs et Prévisions ACDEFI

Là aussi, les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis 1997, le Dow Jones a progressé de 290 %, tandis que, sur la même période, le PIB mondial en valeur (donc augmenté de l’inflation) a augmenté de 175 %.

Si des écarts peuvent évidemment se produire, par exemple en phase de krach ou de bulle, il faut noter que, comme le montre le graphique précédent, un tel écart entre la valorisation boursière du Dow Jones et l’état du PIB mondial avec inflation est exceptionnellement élevé.

Autrement dit, soit le PIB planétaire explose à la hausse, ce qui paraît peu probable, soit le Dow Jones et l’ensemble des marchés boursiers vont encore fortement reculer au cours des prochains mois. Ce qui reste notre prévision centrale.

Le drame est que, depuis quelques semaines, cette inévitable perspective a réactivé une autre bulle, en l’occurrence celle du bitcoin et des cryptomonnaies.

Or, comme nous l’avons déjà expliqué, il s’agit là de la « bulle des bulles », puisque, pour résumer, elle ne repose sur rien, si ce n’est un effet de mode et du blanchiment d’argent.

Bitcoin : la « bulle des bulles » est de retour…

Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf

Source : ACDEFI

Dans ce cadre, il est à craindre que l’image des marchés financiers et celle de la finance au sens large ne vont toujours pas s’améliorer au cours des prochains mois…

Marc Touati