Les indicateurs avancés s’effondrent dans la zone euro, en France et au Japon, mais pas aux Etats-Unis.

Même si nous l’annonçons depuis plusieurs mois, l’évolution de la croissance et de ses indicateurs avancés dans les pays développés reste assez impressionnante. En effet, tandis qu’en dépit du « shutdown », l’économie américaine demeure particulièrement vigoureuse, l’activité fléchit gravement au Japon et dans la zone euro.

Ainsi, en janvier 2019, les indicateurs Markit des directeurs d’achat sont restés bien dynamiques outre-Atlantique : 54,9 dans l’industrie, 54,2 dans les services et 54,5 pour l’indice composite (soit des variations sur un mois de + 1,1, – 0,2 et + 0,1 point).

De quoi confirmer qu’après une inévitable correction de la vigueur passée, la croissance américaine va se stabiliser autour des 2,5 %.

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La croissance américaine devrait se stabiliser vers les 2,5 %.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

Bien loin de cette bonne santé, l’indicateur Nikkei PMI des directeurs d’achat dans l’industrie japonaise est tombé à 50 en janvier, contre 52,6 le mois précédent.

Après avoir reculé de 0,2 % au premier trimestre 2018, puis rebondi de 0,5 % au trimestre suivant et enfin rechuté de 0,6 % au troisième trimestre 2018, le PIB nippon devrait encore souffrir tant sur la fin 2018 que sur le début 2019.

Nous sommes donc confortés dans nos estimations d’une croissance annuelle moyenne du PIB japonais de 0,7 % l’an passé et d’au mieux 0,6 % cette année.

Ce qui confirme, s’il en était encore nécessaire, que l’économie nipponne ne pourra plus retrouver le chemin de la croissance forte et durable. Elle demeure, au contraire, condamnée à la croissance molle.

A peine au-dessus sur l’échelle de la faiblesse économique, la zone euro devient également de plus en plus inquiétante.

Ainsi, en janvier, les indicateurs Markit de ses directeurs d’achat ont poursuivi leur « descente aux enfers ».

Les chiffres sont sans appel : – 0,9 point dans l’industrie, à 50,5, – 0,4 point dans les services, à 50,8, et – 0,4 point pour l’indice composite à 50,7.

Sur un an, ces indicateurs avancés de la croissance eurolandaise accusent des chutes de respectivement 10,1, 7,2 et 8,2 points.

Au-delà de se rapprocher dangereusement de la barre des 50, ils atteignent des planchers depuis novembre 2014 dans l’industrie et depuis juillet 2013 dans les services et pour l’indice composite.

Indicateurs PMI de la zone euro : la « descente aux enfers » continue.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

La corrélation entre les indicateurs PMI dans l’industrie et les services d’un côté et le glissement annuel du PIB de la zone euro, de l’autre, montre que ce dernier pourrait rapidement tomber vers 0 %, contre 1,6 % au troisième trimestre 2018 et 2,8 % un an plus tôt.

Selon la corrélation avec l’indice Markit « composite », le glissement annuel du PIB eurolandais pourrait même redevenir négatif d’ici le printemps-été 2019.

A l’évidence, cela tranche avec les prévisions de la Commission Européenne, du FMI et tutti quanti.

Autrement dit, notre anticipation d’une croissance eurolandaise de 1 % en 2019 pourrait finalement s’avérer trop optimiste.

Vers un glissement annuel négatif du PIB de la zone euro.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Une perspective qui est également et malheureusement confirmée par l’évolution de l’indice ZEW des perspectives d’activité dans la zone euro.

L’indice ZEW des perspectives d’activité dans la zone euro se stabilise dans les profondeurs.

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Sources : Eurostat, ZEW, ACDEFI

Pour ne rien arranger, l’économie allemande, qui avait, jusqu’à récemment, réussi à tirer son épingle du jeu, et, par là même, à soutenir l’activité globale de la zone euro, continue de souffrir.

En janvier, l’indice IFO du climat des affaire a ainsi perdu 1,9 point. Avec in niveau de 99,1, il atteint désormais un plus bas depuis avril 2016. Dans le même temps, l’indice Markit des directeurs d’achat dans l’industrie allemande est passé sous les 50, à 49,9, un plancher depuis novembre 2014.

Fort heureusement, son homologue dans les services a redressé la tête à 53,1, mais le mal est fait : l’économie allemande ne pourra plus tirer l’ensemble de la zone euro vers le haut.

L’industrie allemande au plus bas depuis novembre 2014.

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

Mais une fois encore, la palme de la morosité et de l’inquiétude revient à la France. Certes, après avoir chuté à 49,2 en décembre, l’indice Markit dans l’industrie est étonnamment remonté à 51,2 en janvier. En revanche, son homologue dans les services, qui était déjà tombé à 49 en décembre, a encore dégringolé de 1,5 point en janvier. Avec un niveau de 47,5, il atteint un plus bas depuis février 2014.

La France se rapproche encore de la récession.

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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI

Aussi, comme le montre le graphique ci-dessus, il faut être clair : la France est bien au bord de la récession.

 

Marc Touati