Avis de tempête sur la France, l’Allemagne et l’ensemble de la zone euro.

Plus les semaines passent, plus la situation conjoncturelle de la zone euro se dégrade. En effet, après la forte baisse des indices ZEW et Sentix en novembre, les enquêtes Markit des directeurs d’achat se sont aussi nettement dégradées.

Des évolutions qui ne font que confirmer la chute observée depuis le début 2018.

Ainsi, en novembre, l’indice Markit PMI des directeurs d’achat de la zone euro a reculé de 0,5 point dans l’industrie. Depuis le début 2018, sa dégringolade atteint 9,1 points.

De plus, avec un niveau de 51,5, il atteint un plancher depuis mai 2016 et se rapproche dangereusement de la barre des 50, frontière traditionnelle entre la progression et le recul de l’activité.

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Zone euro : l’activité industrielle au plus bas depuis mai 2016.

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Sources : Markit, ACDEFI

Certes, avec un niveau de 53,1, l’indice PMI dans les services reste encore appréciable. Pour autant, les faits sont là : sa baisse a été de 0,6 point en novembre et de 4,9 points depuis son précédent plus haut de janvier 2018.

Conséquence logique de ces déconvenues, l’indice Markit « composite » des directeurs d’achat a poursuivi sa décrue.

En novembre, il a ainsi perdu 0,7 point ce qui porte à 6,4 points sa chute depuis janvier 2018.

Avec un niveau de 52,4, il se situe désormais à un plancher depuis décembre 2014 et augure par là même d’une nouvelle diminution marquée du glissement annuel du PIB eurolandais pour les prochains trimestres.

Vers une croissance eurolandaise de 0,5 % d’ici le début 2019.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Après avoir atteint un sommet de 2,8 % au troisième trimestre 2017, puis être tombé à 1,7 % au troisième trimestre 2018, le glissement annuel du PIB de la zone euro devrait ainsi encore chuter vers 0,5 % d’ici le début 2019.

L’Allemagne aussi sombre dans l’inquiétude et la croissance molle.

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

Encore plus inquiétant, l’habituelle locomotive de la zone euro, en l’occurrence l’Allemagne, continue également de décélérer.

En novembre, l’indice Markit PMI des directeurs d’achat dans l’industrie germanique a ainsi reculé de 0,6 point, s’effondrant de 11,7 points depuis le début 2018.

Avec un niveau de 51,6, il se situe à un plus bas depuis mars 2016.

Quant aux services, comme pour la zone euro, la situation est certes moins grave, mais le ralentissement également notable.

De quoi confirmer qu’après avoir reculé de 0,2 % au troisième trimestre 2018, le PIB allemand va rester fragile au moins jusqu’à l’été 2019. Son glissement annuel devrait ainsi passer de 2,8 % au quatrième trimestre 2017, puis 1,1 % au troisième trimestre 2018 à environ 0,5 % d’ici le premier trimestre 2019.

La situation de l’économie française n’est guère plus réjouissante. En effet, en novembre, l’indice Markit des directeurs d’achat dans l’industrie a encore perdu 0,5 point, s’effondrant de 8,1 points depuis le début 2018.

Avec un niveau de 50,7, il est aux portes de la zone de récession, se situant à un plancher depuis septembre 2016.

France : l’industrie s’effondre et les services résistent de plus en plus difficilement.

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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI

Certes, en dépit d’une baisse de 0,3 point en novembre, l’indice Markit dans les services reste encore très appréciable avec un niveau de 55,0.

Néanmoins, l’histoire récente de l’économie française nous a montré que l’activité dans les services suivait généralement avec quelques mois de décalage celle de l’industrie.

D’ores et déjà, l’indice INSEE du climat des affaires s’est stabilisé en novembre à un niveau assez bas.

Soulignons enfin que toutes ces évolutions ne tiennent pas encore compte des blocages des « gilets jaunes », qui entraîneront inévitablement des effets négatifs sur l’activité et le moral des ménages et des entreprises. Ce qui n’a évidemment pas encore été intégré dans les enquêtes de conjoncture.

L’indice INSEE se stabilise sur un bas niveau.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Au total, nous confirmons nos prévisions de croissance pour la zone euro, l’Allemagne et la France.

En l’occurrence pour 2018 : respectivement 1,9 %, 1,6 % et 1,5 %.

Quant à l’année 2019, la décélération va malheureusement se poursuivre, avec des croissances de 1,2 % tant dans l’UEM qu’en Allemagne et 1,1 % en France.

Du moins, si tout va bien…

Marc Touati