Les Etats-Unis accélèrent, la zone euro et la France s’enfoncent.

Sans surprise, du moins pour ceux qui lisent nos publications et suivent nos prévisions, les comptes nationaux du troisième trimestre 2018 ont confirmé la bonne santé de l’économie américaine et le fort ralentissement de celle de la zone euro.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : après avoir déjà augmenté de 1 % au deuxième trimestre 2018, le PIB américain a encore progressé de 0,9 % au troisième (soit respectivement 4,2 % et 3,5 % en rythme annualisé). Son glissement annuel est ainsi passé de 1,9 % au premier trimestre 2017 à désormais 3 %, un plus haut depuis le deuxième trimestre 2015.

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Etats-Unis : la consommation des ménages et l’investissement des entreprises continuent de dynamiser la croissance.

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Sources : BEA, ACDEFI

Comme cela s’observe depuis le début 2018, cette vigueur est à la fois le produit d’un investissement des entreprises dynamique et d’une consommation des ménages robuste. Les glissements annuels de ces deux moteurs sont d’ailleurs de respectivement 6,4 % et 3,1 %.

L’origine de ce « mini-miracle » est finalement assez simple : la forte baisse des impôts pour tous, c’est-à-dire à la fois pour les entreprises et pour les ménages.

C’est grâce à ce coup de baguette magique que le cycle de croissance de l’économie américaine a pu se prolonger en 2018, alors qu’il était en bout de course dès la fin 2016.

A tel point qu’aujourd’hui, les Etats-Unis connaissent leur cycle de croissance le plus long de leur histoire, en l’occurrence 43 trimestres.

Le précédent record du cycle des années 1980 est donc battu.

Le cycle économique le plus long de l’histoire américaine.

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Sources : BEA, Calculs ACDEFI

Bien loin de cette « success story », l’économie de la zone euro a « accéléré » son ralentissement au troisième trimestre 2018. Et pour cause : au cours de ce dernier, le PIB eurolandais n’a progressé que de 0,16 %. Son glissement annuel est ainsi passé de 2,8 % au troisième trimestre 2017 à 1,7 % un an plus tard.

Match de la croissance : les Etats-Unis accélèrent, la zone euro s’enfonce.

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Sources : BEA, Eurostat, ACDEFI

Une baisse qui tranche évidemment avec le mouvement haussier observé outre-Atlantique. L’écart de croissance annuelle entre les Etats-Unis et l’UEM atteint ainsi 1,4 point, du jamais vu depuis le premier trimestre 2015.

Ecarts de croissance Etats-Unis / Zone euro : il n’y a vraiment pas photo.

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Sources : Eurostat, BEA, Calculs ACDEFI

Très logiquement, l’écart cumulé depuis 1995 a continué de se creuser, atteignant désormais 79,3 points. Le pire est que, comme le montre le graphique ci-dessous, la croissance eurolandaise devrait encore se dégrader au cours des prochains trimestres.

Le ralentissement de la croissance eurolandaise va malheureusement se poursuivre.

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Sources : Eurostat, ACDEFI

En effet, après la baisse des indices Markit des directeurs d’achat, de ceux des enquêtes Sentix et ZEW, l’indice de sentiment économique calculé par la Commission européenne a encore fortement reculé en octobre. Après avoir déjà régressé de 4 points depuis janvier 2018, il en a encore perdu 1,1 sur le seul mois d’octobre.

Avec un niveau de 109,8, cet indicateur avancé de la croissance atteint un plus bas depuis mai 2017 et montre que cette dernière devrait encore se rapprocher de la barre du 1 % au cours des prochains trimestres.

Taux de chômage : 8,1 % dans la zone euro, 3,7 % outre-Atlantique…

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Sources : Eurostat, BLS, ACDEFI

Ce qui n’augure évidemment rien de bon pour l’évolution du taux de chômage. D’ores et déjà, celui-ci ne baisse plus et s’est stabilisé à 8,1 % en septembre, contre 3,7 % aux Etats-Unis.

PIB, consommation et investissement en France : ça freine…

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Sources : INSEE, ACDEFI

Et, une fois encore, tant sur le front de la croissance que sur celui de l’emploi, la France n’a pas tiré la zone euro vers le haut. Certes, le PIB français a augmenté de 0,4 % au troisième trimestre 2018. Cependant, son glissement annuel a continué de reculer, passant de 2,8 % au quatrième trimestre 2017 à désormais 1,5 %.

De plus, les derniers indicateurs avancés de la croissance française, mais aussi de celles de l’Allemagne et de la zone euro ont montré que celles-ci allaient encore s’affaisser au cours des prochains trimestres.

Activité industrielle en France, en Allemagne et dans la zone euro : chute libre…

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Sources : Markit, ACDEFI

Une décélération qui ne va évidemment pas arranger les affaires du marché du travail hexagonal, qui est déjà mal en point.

Ainsi, en septembre, le taux de chômage français s’est stabilisé à 9,3 % selon les calculs d’Eurostat.

Avec un taux de chômage de 9,3 %, la France s’éloigne de plus en plus des niveaux de l’Allemagne, de la zone euro et du Portugal…

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Sources : Eurostat, ACDEFI

A titre de comparaison, le taux de chômage a atteint 6,6 % au Portugal en septembre, contre encore 10,1 % en janvier 2017 et un sommet de 17,5 % en janvier 2013. Que dire alors du taux de chômage allemand à 3,4 % ?!

Dans ce contexte, l’augmentation des taxes sur les carburants tombe particulièrement mal. Ah si seulement les dirigeants français pouvaient enfin faire preuve de plus de pragmatisme que de dogmatisme !

L’espoir fait vivre…

Marc Touati