Des Américains euphoriques, des Allemands résistants, des Français et des Eurolandais tourmentés.

Les semaines statistiques se suivent et se ressemblent, à quelques nuances près. En effet, comme cela s’observe depuis bientôt deux ans, les Américains, et notamment les consommateurs, restent euphoriques, tandis que les Français et les Eurolandais continuent de broyer du noir. Seule nouveauté : les industriels allemands semblent retrouver le sourire. Illustrations en « images »…

Tout d’abord, défiant une fois encore le consensus ambiant qui voudrait que les Américains détestent leur Président et craignent pour leur avenir, ceux-ci continuent, au contraire, d’afficher une confiance hors du commun.

Ainsi, en août, l’indice de confiance des ménages américains du Conference Board a tout simplement bondi de 5,5 points.

Il s’agit là de sa plus forte augmentation mensuelle depuis octobre 2017. Mais le plus spectaculaire réside dans le fait que cet indicateur avancé de la consommation privée atteint désormais un sommet depuis octobre 2000, c’est-à-dire une époque où le glissement annuel de la consommation des ménages et du PIB des Etats-Unis avoisinait les 4 %.

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La confiance des ménages américains flambe encore et atteint un plus haut depuis octobre 2000.

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Sources : BEA, Conference Board, ACDEFI

Bien loin de cette euphorie, l’indice INSEE de confiance des ménages français a continué de reculer en août, passant de 97,2 le mois précédent à désormais 96,6.

Depuis le début de l’année, cet indice précurseur de la consommation des ménages a reculé de 7,7 points. Depuis son précédent point haut de juin 2017, il enregistre un plongeon de 11,2 points.

Pour ne rien arranger, il atteint désormais un plancher depuis juillet 2016.

Le drame est que cette chute de la confiance des ménages intervient dans un contexte où leur consommation a déjà fortement ralenti depuis quasiment un an.

Au deuxième trimestre 2018, la révision des comptes nationaux de l’INSEE a même fait état d’une baisse de 0,1 % des dépenses de consommation des ménages français. Leur glissement annuel est d’ailleurs tombé à 0,7 %, un plancher depuis le deuxième trimestre 2014.

Les ménages français dépriment et leurs dépenses de consommation avec.

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Sources : INSEE, ACDEFI

La nouvelle baisse de la confiance des ménages confirme donc que la consommation privée va continuer de tirer vers le bas l’ensemble de l’économie française. Et la future augmentation très probable de la fiscalité ne va évidemment pas arranger les choses. D’autant que le chômage ne baisse quasiment plus.

A ce rythme, notre prévision d’une croissance annuelle moyenne du PIB français de 1,5 % pour 2018, qui paraissait très pessimiste à beaucoup il y a encore quelques semaines, risque de devenir trop optimiste.

Pour ne rien arranger, cette déprime des consommateurs commence à se généraliser à l’ensemble de la zone euro.

Ainsi, en août, l’indice de confiance des ménages de cette dernière calculé par la Commission européenne a fortement régressé (passant de – 0,6 le mois précédent ou encore + 0,4 en avril dernier à désormais – 1,9). Il tombe ainsi à un plus bas depuis mai 2017.

Dans le même temps, le pessimisme des consommateurs s’est propagé aux chefs d’entreprise. Si bien que l’indice de sentiment économique de la zone euro a perdu 0,5 point en août et 4,4 points depuis le début d’année. Avec un niveau de 111,6, il atteint un plancher depuis juillet 2017.

S’il n’y a certes pas encore péril en la demeure, cette décrue confirme que le ralentissement, déjà bien entamé, de la croissance du PIB eurolandais va se poursuivre et s’aggraver au cours des prochains trimestres.

Le ralentissement de la croissance de la zone euro va malheureusement se poursuivre et s’aggraver.

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Sources : Eurostat, Commission, ACDEFI

Seule lueur d’espoir dans ce ciel bien terne de l’UEM, l’enquête IFO relative à l’activité industrielle allemande d’août a surpris par sa bonne tenue.

L’indice IFO du climat des affaires crée la surprise.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

L’indice IFO du climat des affaires a ainsi progressé de 2,1 points sur le seul mois d’août. Si cette remontée n’efface pas la chute de 3,5 points des six mois précédents, elle montre néanmoins que la croissance allemande n’a pas dit son dernier mot.

Et ce d’autant que l’indice IFO des perspectives d’activité a bondi de 3 points en août.

Les perspectives d’activité des industriels allemands se redressent également, mais…

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

Pour autant, il ne faudrait pas s’emballer trop vite. Cet indicateur avancé de la croissance allemande demeure effectivement très volatile et pourrait rapidement repartir à la baisse, comme cela s’est observé fin 2017.

La nouvelle crise européenne qui pointe le bout de son nez avec le durcissement de ton du gouvernement italien pourrait par exemple inverser la tendance.

A suivre…

Marc Touati