Le ralentissement mondial commence à devenir inquiétant.

N’en déplaise à ceux qui ne veulent toujours pas voir la réalité en face et continuent d’annoncer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, le ralentissement économique mondial s’accentue de mois en mois et commence à devenir inquiétant.

En effet, en juillet, les indices « monde » des directeurs d’achat ont continué de reculer dangereusement. Celui relatif à l’industrie a encore perdu 0,3 point, tombant même sous les 53, à 52,7 précisément, soit un plus bas depuis juin 2017.

L’aspect de plus en plus rouge et orangé du tableau ci-dessous confirme d’ailleurs que de plus en plus de pays s’éloignent de la croissance soutenue, pour se rapprocher de la récession industrielle.

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L’indice « monde » des directeurs d’achat dans l’industrie entre en zone dangereuse.

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Sources : Markit, ACDEFI

Encore plus problématique, les indices « services » commencent également à reculer, si bien que l’indice composite « monde » des directeurs d’achat a perdu 0,5 point en juillet. Avec un niveau de 53,7 (qui est certes encore relativement appréciable), il se situe à un plus bas depuis 20 mois.

Encore un peu plus haut sur l’échelle des inquiétudes, la locomotive de la croissance mondiale, en l’occurrence la Chine, montre également des signes de faiblesse avancée.

Les indices Caixin des directeurs d’achat ont ainsi reculé en juillet : – 0,2 point dans l’industrie et – 1,1 point dans les services. Avec des niveaux de respectivement 50,8 et 52,8, ils atteignent désormais des plus bas depuis juin 2017 et mars 2018.

Selon ses indicateurs avancés, la croissance chinoise va encore décélérer au cours des prochains trimestres.

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Sources : NBSC, Markit, ACDEFI

Certes, il n’y a toujours pas péril en la demeure. Néanmoins, ces évolutions confirment que la croissance chinoise va encore ralentir au cours des prochains trimestres, passant vraisemblablement sous les 6,5 % d’ici la fin 2018.

D’ores et déjà et depuis la fin 2017, l’excédent commercial chinois ne cesse d’accumuler les contre-performances. Ainsi, après avoir péniblement remonté à 41 milliards de dollars en juin 2018, il a reculé à 28 milliards de dollars en juillet.

Sur douze mois, l’excédent commercial de l’Empire du milieu continue ainsi de fondre comme neige au soleil.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : après avoir atteint un sommet de 616,8 milliards de dollars en avril 2016, il est d’abord tombé à 538 milliards de dollars en janvier 2017, puis 407 milliards un an plus tard et enfin 376 milliards en juillet 2018, soit 18,7 milliards de moins qu’en juin 2018 et 240,8 milliards de moins qu’en avril 2016.

L’excédent commercial annuel chinois atteint même un plus bas depuis novembre 2014. Et ce, avant même le début des sanctions commerciales américaines.

Le plongeon de l’excédent commercial annuel chinois continue.

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Sources : NBSC, ACDEFI

Aussi, même si la dépréciation du yuan devrait permettre de limiter les dégâts, il est clair que la croissance chinoise va connaître quelques trimestres difficiles.

L’économie indienne retrouve enfin quelques belles couleurs.

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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI

Fort heureusement, après avoir suscité pas mal d’inquiétudes depuis un an, l’économie indienne semble retrouver quelques couleurs. Certes, en juillet, l’indice Nikkei des directeurs d’achat dans l’industrie a perdu 0,8 point, mais à 52,3, il demeure à un niveau appréciable.

Parallèlement, son homologue dans les services a augmenté de 1,6 point sur le seul mois de juillet, atteignant 54,2, un plus haut depuis octobre 2016. La croissance indienne pourrait donc se stabiliser autour des 6,5 %.

Même si elle restera très loin de cette performance, l’économie brésilienne a montré quelques signes d’apaisement en juillet. Ses indices Markit PMI sont ainsi repassés au-dessus de la barre des 50.

Avec des niveaux de 50,5 dans l’industrie et 50,4 dans les services (contre respectivement 49,8 et 47,0 en juin), il ne faut cependant pas rêver : la croissance brésilienne ne fera pas de miracle et restera proche de 1 %.

L’économie brésilienne sort timidement de la zone rouge.

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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI

Un résultat comparable à celui de l’économie japonaise. Certes, après avoir reculé de 0,2 % au premier trimestre 2018, le PIB nippon a progressé de 0,5 % au cours du trimestre suivant. Le retour en récession est donc évité.

Cependant, la baisse de son glissement annuel se poursuit : 2,1 % au quatrième trimestre 2017, 1,4 % au premier de 2018 et désormais 1,3 %.

Et l’évolution récente des statistiques japonaises indique que ce mouvement n’est pas terminé. En juillet, les indices Nikkei des directeurs d’achat ont ainsi reculé à 52,3 dans l’industrie et 51,3 dans les services.

Parallèlement, l’indice de confiance des ménages a continué de baisser, les commandes de biens d’équipement de plonger (- 8,8 % en juin) et les mises en chantier de s’effondrer (- 7,1 %).

Dans le même temps, l’indice « Economy Watchers » des perspectives d’activité a régressé à 49 en juillet, indiquant une probable rechute du PIB au troisième trimestre.

Japon : La croissance et l’inflation restent trop faibles.

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Sources : BoJ, ACDEFI

Du côté de l’économie de la zone euro, les dernières enquêtes des directeurs d’achat font état d’une croissance toujours aussi molle. Et ce tant dans l’industrie que dans les services.

Par rapport aux derniers mois, il faut néanmoins noter une forte dégradation de l’activité industrielle en Italie et en Espagne.

Industrie de la zone euro : la croissance reste molle et baisse fortement en Espagne et en Italie.

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Sources : Markit, ACDEFI

Quant aux services, tous les pays ont connu une forte baisse des indices Markit. Même l’Irlande commence à souffrir.

Une fois n’est pas coutume, la palme du ralentissement est décrochée par l’Espagne, qui cumule donc les contre-performances tant dans l’industrie que dans les services.

L’activité dans les services décélère partout et en particulier en Espagne.

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Sources : Markit, ACDEFI

Au total, nous sommes confortés dans nos prévisions de croissance 2018 : 3,2 % pour la planète, 6,7 % en Chine, 2,6 % aux Etats-Unis, 1,9 % dans la zone euro, 1,5 % en France et 1,2 % au Japon.

Rien de catastrophique, mais rien de flamboyant non plus…

Marc Touati