Zone euro, Allemagne, France : ça baisse encore !

Comme nous l’annoncions la semaine dernière dans nos prévisions hebdomadaires, les indicateurs avancés du mois d’avril ont continué de confirmer que la zone euro, l’Allemagne et la France étaient bien en phase de ralentissement avancé.

Certes, après deux mois de forte baisse, l’indice composite des enquêtes Markit des directeurs d’achat dans la zone euro a stagné en avril.

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Zone euro : le ralentissement se confirme…

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Cependant, avec un niveau de 55,2, il reste à un plus bas depuis janvier 2017 et montre que le glissement annuel du PIB eurolandais devrait rapidement revenir vers 1,5 %, contre un plus haut de 2,7 % au troisième trimestre 2017.

… en particulier dans l’industrie.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Comme cela s’observe depuis janvier 2018, le secteur industriel est le plus touché par le ralentissement de l’activité. En avril, l’indice Markit PMI correspondant a encore perdu 0,6 point, ce qui porte sa chute à 4,6 points depuis son sommet de décembre 2017.

L’Allemagne ne déroge pas à la règle.

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

Plutôt bien préservée jusqu’à février dernier, l’Allemagne connaît également une situation analogue depuis mars. Depuis leur sommet de janvier dernier, les indices Markit ont ainsi perdu 3 points dans l’industrie et 3,2 points dans les services.

Enquête IFO : l’indice du climat des affaires au plus bas depuis mars 2017.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

Ce mouvement de forte décélération a également été confirmé par l’enquête IFO d’avril. Le changement de mode de calcul et de base opéré en avril n’y a d’ailleurs rien changé.

Ainsi, en avril, l’indice IFO du climat des affaires a chuté de 2,1 points, ce qui porte sa dégringolade à 3,1 points depuis novembre 2017.

Encore plus inquiétant, l’indice IFO des perspectives d’activité a perdu 1,3 point sur le seul mois d’avril et 5,2 points depuis novembre 2017.

Avec un niveau de 98,7, il atteint un plus bas depuis avril 2016 et montre que le glissement annuel du PIB allemand pourrait repasser sous les 2 % au cours des deux prochains trimestres.

… et celui des perspectives d’activité s’effondre à un plancher depuis avril 2016.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

Malheureusement, la France ne déroge pas à cette tendance, comme en témoigne les enquêtes INSEE et Markit d’avril.

Mais avant même ces perspectives baissières et conformément à nos prévisions, l’INSEE vient de confirmer que le PIB français a nettement ralenti au cours du premier trimestre 2018.

Sa progression au cours de ce dernier n’a ainsi été que de 0,25 %, sa plus mauvaise performance depuis le troisième trimestre 2016.

Son glissement annuel est ainsi passé de 2,6 % au quatrième trimestre 2017 à désormais 2,1 %, un plus bas depuis le deuxième trimestre 2017.

De plus, les deux postes clés de l’économie française ont ralenti notablement au cours du premier trimestre 2018. Le glissement annuel de la consommation est ainsi tombé à 2,1 % et celui de l’investissement des entreprises à 4,25 % (contre 6,2 % le trimestre précédent).

S’il n’y a pas encore péril en la demeure, il est malheureusement clair que l’économie française a déjà mangé son pain blanc.

L’économie française a fortement ralenti au premier trimestre 2018.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Pire, les indicateurs avancés montrent que cette décélération ne fait que commencer et devrait s’aggraver au cours des prochains trimestres.

L’indice INSEE du climat des affaires poursuit son déclin.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Ainsi, après avoir déjà nettement baissé depuis le début d’année, annonçant par là-même le net ralentissement de la croissance au premier trimestre, l’indice INSEE du climat des affaires a encore perdu 1 point en avril, reculant de 4 points en quatre mois.

Avec un niveau certes toujours appréciable de 108, il se situe néanmoins à un plus bas depuis juillet 2017, indiquant que le glissement annuel du PIB français devrait rapidement repasser sous les 2 %.

Le verdict des enquêtes Markit des directeurs d’achat est encore plus sévère.

En dépit d’un petit rebond dans les services, les indices Markit confirment également la décélération de l’économie française.

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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI

Certes, en avril, l’indice PMI dans les services a étonnamment repris 0,5 point. Cependant, comparativement à son niveau de novembre dernier, il accuse toujours une baisse de 3 points.

La situation est bien plus préoccupante dans l’industrie, puisque l’indice PMI a enregistré son quatrième mois consécutif de baisse, soit une chute de 5,4 points sur cette période. Avec un niveau de 53,4, il retombe à un plus bas depuis mars 2017 et confirme que la croissance française devrait nettement reculer d’ici l’automne prochain.

Nous maintenons donc notre prévision d’une croissance française d’au mieux 1,5 % sur l’ensemble de l’année 2018.

L’Oncle Sam continue de surprendre par sa résistance.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

Bien loin de ce retournement négatif, et comme cela s’observe depuis presque deux mois, l’économie américaine a continué de se démarquer de son homologue eurolandaise, puisque si cette dernière replonge de plus en plus vers la croissance molle, celle de l’Oncle Sam reprend du « poil de la bête ».

Ainsi, en dépit de l’augmentation des cours du pétrole et de nombreuses matières premières, mais aidés par la forte baisse de la pression fiscale et la dépréciation du dollar, les directeurs d’achat s’affichent de plus en plus optimistes.

En avril, l’indice Markit PMI relatif à l’industrie américaine a ainsi gagné 0,9 point, réalisant une remontée de 2,6 points depuis novembre dernier. Avec un niveau de 56,5, cet indicateur avancé atteint désormais un plus haut depuis juillet 2014.

Et si l’évolution récente de l’indice PMI dans les services est nettement moins euphorique, son niveau de 54,4 d’avril demeure très favorable et montre que la croissance américaine pourrait créer la surprise au troisième trimestre en revenant vers les 3 % en glissement annuel.

Les ménages américains demeurent particulièrement optimistes.

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Sources : BEA, Conference Board, ACDEFI

Une perspective également confortée par la remontée de l’indice du Conference Board de confiance des ménages en avril.

Autrement dit, si une grande partie de l’opinion publique européenne, voire mondiale, a peur de Donald Trump, les entreprises et les ménages américains continuent de lui faire confiance.

Marc Touati