La France attractive… pour ses impôts et sa dépense publique.

En tant que Français qui aime son pays, qui a servi sous les drapeaux en tant que scientifique du contingent, qui paie ses impôts sans rechigner et dont les origines françaises de sa famille remontent au règne de Napoléon 1er, j’ose l’écrire : la France est un pays formidable.

Oui, comme je ne cesse de le répéter depuis des années : de par ses paysages, son positionnement géostratégique, ses infrastructures routières, ses ingénieurs, la qualité de sa main-d’œuvre, ses monuments, sa capitale et l’ensemble de ses villes et villages, la France est certainement l’un des plus beaux pays du monde.

De plus, après quarante ans d’immobilisme et malgré la montée récente des extrémismes en tous genres, les Français ont réussi à élire un Président jeune et dynamique, qui a d’ailleurs commencé à engager quelques réformettes. Magnifique ! Faut-il pour autant en déduire qu’en quelques mois, la France serait devenue l’un des pays économiquement les plus attractifs de la planète ?

Malheureusement pas ! Et pour cause : même si son nouveau président se démène pour le faire oublier, la France reste « plombée » par de nombreux handicaps structurels. Elle est tout d’abord le deuxième pays de l’OCDE dans lequel la pression fiscale est la plus forte : 45,3 % du PIB, juste derrière le Danemark (45,9 %) et loin devant la Belgique (44,2 %), la moyenne de l’OCDE se situant à 34,3 %.

En matière de dépenses publiques / PIB, elle fait encore mieux, puisqu’elle est numéro un, avec un niveau de 56,5 %. En fait, sur les 193 pays listés par le FMI, seuls six sont au-dessus de la France en 2017 : les îles Tuvalu, les îles Kiribati, Nauru, la Lybie, les îles Marshall et la Micronésie. Le premier pays développé est neuvième à 54,3 % et il s’agit de la Finlande. A titre de comparaison, l’Allemagne est à la 26ème place avec 44,5 %.

Le pire est qu’à la lecture du budget français de 2018, rien ne va changer cette année : la pression fiscale va se stabiliser sur les sommets actuels et les dépenses publiques vont encore augmenter. Autrement dit, le déficit et la dette vont à nouveau déraper. De quoi évidemment « renforcer » l’attractivité de la France…

Et ce n’est pas tout, puisque, malgré les réformettes engagées dernièrement sur le marché du travail, ce dernier reste toujours très rigide et surtout sous l’inquisition de l’URSSAF et de l’inspection du travail. Bonne chance aux entreprises qui auront le courage de créer des emplois. C’est d’ailleurs pourquoi le taux de chômage, autre « point fort » de la France, va se stabiliser autour des 9,5 %, l’un des plus mauvais résultats des pays de l’OCDE.

Mais, bon, puisqu’on vous dit que la France est de plus en plus compétitive et attractive, il faut arrêter de se plaindre… Ce déni de réalité n’est d’ailleurs pas nouveau. Il constitue ce que l’on appelle en théorie des jeux un « aléa moral ». En effet, les atouts de la France présentés plus haut sont malheureusement devenus des pièges. Et pour cause : persuadés que grâce à ses avantages naturels et à son Histoire, la France ne pourrait jamais tomber de son piédestal, de nombreux Français et quasiment tous leurs gouvernants ont refusé de voir la réalité en face et ont interdit la moindre réforme de fond. Que ce soit d’un point de vue économique, sociale, sociétale, ou encore sécuritaire.

Pour mieux faire avaler la pilule, la méthode Coué a été érigée en stratégie unique, espérant qu’à force d’annoncer que tout va bien, tout finira par aller bien. Ce déni de réalité a commencé en 1981. A l’époque, en pleine récession mondiale, les Mitterrand, Mauroy, Attali et consorts voulaient nous faire croire que tout irait mieux en augmentant massivement la dépense et la dette publiques. Quelle erreur stratégique ! Le plus triste est qu’en dépit du bon sens, tous les dirigeants suivants ont continué dans cette même voie suicidaire. Si bien que la dette publique est passée de 20 % du PIB en 1980 à près de 100 % aujourd’hui. Dans le même temps, la croissance structurelle est tombée de 2,5 % à 0,8 %. Quant au nombre de chômeurs, il n’a cessé d’augmenter, battant record sur record.

Mais peu importe, on a continué de nous affirmer que tout allait bien. Depuis 2010, l’ingéniosité sémantique des dirigeants politiques français a même atteint des sommets. Tout a été essayé : « la crise est finie »… « la reprise est là »… « le chômage va fortement baisser » et, finalement, « ça va mieux ».

Le pire est qu’alors que la situation s’améliore enfin et bien loin de trancher avec ses prédécesseurs, le Président Macron nous rejoue la même partition un degré au-dessus. Car désormais, il ne s’agit plus de faire croire aux Français que tout va mieux. Non, à présent, il faut leur faire avaler que la France est devenu le leader économico-politique mondial. Encore plus fort : à grand coup de marketing international, « Manu » veut que la planète entière le croie.

Quel talent ! Quelle audace ! Quelle arnaque ! S’il vous plait, n’y voyez pas là du « french bashing », mais simplement du réalisme et du bon sens, qui, il est vrai, dans un monde de bulles, est de moins en moins accepté.

En conclusion, pour rebondir sur notre « humeur » de la semaine dernière, nous ne sommes pas seulement confrontés à quatre bulles financières (bourses, obligations, immobilier, cryptomonnaies). Une cinquième est également en marche et gonfle très vite. Elle n’est pas financière, ni économique, mais politico-médiatique. Il s’agit de la « bulle Macron » qui, en six mois a réussi à faire passer la France du stade de pays irréformable à celui de leader mondial de l’attractivité. Le problème est que, comme nous l’avons déjà expliqué, plus les bulles vont loin, plus leur dégonflement, ou plutôt leur éclatement, est violent. Good luck !

Marc Touati