Présidentielles et marchés : le pire n’est jamais certain…

Dans quel état serons-nous lundi matin prochain ? En pleine panique, avec un second tour « Le Pen – Mélenchon », dans le doute avec « Macron ou Fillon – Le Pen » ou alors rassurés avec « Macron – Fillon » ?

Dans le premier cas, la France devra choisir entre la peste et le choléra, c’est-à-dire entre la fin de la zone euro et le collectivisme. Dans les deux cas, cela signifiera la fermeture des frontières économiques et financières, le contrôle des changes et une crise économico-sociétale sans précédent depuis la seconde guerre mondiale.

Compte tenu de ces piètres perspectives, il est clair que les marchés vont sur-réagir. Dès lors, il faudra se préparer à un effondrement d’environ 15 % du Cac 40 sur la seule journée du 24 avril, avec, inévitablement une onde de choc colossal en Europe, mais aussi à travers la planète.

Du côté des marchés obligataires, les secousses seront également massives. Nous risquons notamment d’assister à une remontée très rapide et massive des taux d’intérêt à dix ans des obligations de l’Etat français. La barre des 2,5 % pourrait être dépassée en quelques heures, avec un objectif de 8 % au cours des jours suivants. La récession fera son grand retour et le taux de chômage flambera vers les 12 % assez rapidement. Bref, tous aux abris, du moins pour ceux qui réussiront à en trouver.

Dans le second cas de figure « Macron ou Fillon – Le Pen », les marchés boursiers et obligataires devraient également baisser, compte tenu de la percée des partis extrémistes et de la présence pour la deuxième fois en quinze ans du Front national au second tour des présidentielles. Cependant, leur repli sera certainement d’une ampleur modérée, compte tenu du probable sursaut républicain du second tour.

Enfin, dans le troisième et heureux cas où les Français auront su tourner le dos aux extrémismes de gauche et de droite, une belle progression du Cac 40 et des bourses mondiales devrait rapidement s’observer. Quant aux taux longs, ils resteraient contenus, sans pour autant baisser fortement, compte tenu de la faible probabilité d’une nette baisse du déficit public français à court terme.

Cependant, il n’y aura pas de quoi bouder notre plaisir, dans la mesure où les Français pourront bénéficier d’un véritable débat présidentiel, avec notamment une meilleure explicitation des mesures économiques des deux candidats en lice :

Comment parvenir à restaurer la croissance structurelle du PIB français ?

Comment moderniser notre économie, qui est devenue l’une des plus rigides et archaïques du monde développé ?

Comment améliorer le fonctionnement du marché du travail ? Comment réduire le déficit public en optimisant les dépenses publiques ?

Comment relancer le projet européen ?

Comment faire de la zone euro une véritable zone monétaire optimale ?

Voilà quelles seraient les vraies questions économiques d’un débat de second tour d’une grande puissance telle que la France, qui est certes sur la pente déclinante, mais peut encore sortir du gouffre, dans lequel elle n’a cessé de s’enfoncer depuis trente ans d’immobilisme et de déni de réalité.

Dans ce cadre, nous pourrons dire que les électeurs français ne s’exprimeront pas en fonction de l’âge du candidat, de sa vie privée, de la couleur de sa cravate, de ses « bons mots » ou de la façon de se tenir sur un plateau de télévision.

Pour cela, il est vrai qu’il faudrait que la culture économique des Français soit multipliée par dix en quelques jours. Car c’est bien là que le bât blesse. A force d’avoir entretenu les faux-semblants et les mensonges économiques, dans les lycées, les universités et dans la plupart des médias pendant des années, on ne peut pas s’étonner que les connaissances économiques de nos concitoyens soient si faibles et surtout si erronées.

A tel point qu’ils sont à 52 % (si l’on en croit les sondages) tentés par des partis extrémistes et/ou fantaisistes, qui ne feront qu’aggraver la situation, en particulier des moins favorisés. Sans parler de l’image internationale de la France. Car il faut être clair : la présence d’un parti extrémiste au second tour des élections présidentielles (redisons-le, pour la deuxième fois en quinze ans) nuira définitivement à la crédibilité économique et politique de la France, qui n’est déjà pas bien forte.

Il faut donc simplement espérer qu’en quelques jours, les Français ne vont certes pas rattraper trente ans de retard, mais au moins reprendre leurs esprits et éviter par la même que la France soit la risée du monde.

Avouons que cela fait du bien de rêver un peu.

Mais finalement pourquoi pas ? N’oublions pas que le pire n’est jamais certain, ni en politique, ni en économie et encore moins sur les marchés financiers…

 

Marc Touati